Monaco-Matin

Un coiffeur porte-bonheur

Sam Figaro, qui a l’habitude de couper les cheveux des joueurs du RCT, a été « réquisitio­nné » au Japon par Guilhem Guirado. C’est que quand il oeuvre, ses cobayes gagnent

- PROPOS RECUEILLIS PAR CLAUDE SERRA

Sam Figaro est bien plus qu’un coiffeur-barbier. Depuis ses premiers coups de ciseaux et de rasoir sur les chevelures et les barbes des guerriers de Mayol en 2011, place d’Armes, il accueille toujours les joueurs du RCT d’hier et d’aujourd’hui dans son salon. Quand ce n’est pas lui qui se déplace pour des veilles de matchs au parfum de finales. Et même pour l’équipe de France, auprès de qui il vient d’oeuvrer...

En véritable étoile du berger, les nouveaux joueurs venus des quatre coins de la planète y voient un lieu rassurant et de ralliement. Certains chuchotent même que ce magicien aux mains d’argent aurait fait un miracle au Japon lors de la victoire des Bleus contre les Pumas argentins. Va-t-il y retourner avant le France-Angleterre ou les quarts de finale ? Le temps de laisser le nouveau joueur de Lyon Mathieu Bastareaud quitter son fauteuil pour laisser la place à Bastien Soury en cette matinée de mercredi, Sam Figaro nous raconte.

Comment est née cette histoire entre vous et les rugbymen profession­nels ?

J’étais salarié dans un salon à Reims. J’ai voulu partir à l’aventure. J’ai cherché à acheter un salon sur Leboncoin. Je suis tombé sur cette affaire à Toulon. Trois jours après, j’étais commerçant toulonnais avec ma femme Linda. Au début, c’était dur, car je ne connaissai­s personne. Un jour, un monsieur en tenue du RCT rentre et me demande si je parle anglais. Comme j’ai fait des études de management en sport, je me débrouille. On discute de tout et de rien. C’était Rudy Wulf. Quelques jours plus tard débarque Jocelino Suta. Et quand il retourne à l’entraîneme­nt en sortant du salon, les autres joueurs lui disent : « waouh ! beau gosse ! »Et voilà. Depuis, mon salon est le point de rendez-vous des joueurs.

Ils ne viennent pas que pour une coupe...

À l’époque les frères Delon et Steffon Armitage, Drew Mitchell, Bakkies Botha, Sébastien Tillous-Borde, Mathieu Bastareaud,

Juan Martin Fernandez

Lobbe et tous les autres venaient écouter de la musique, se détendre et se faire coiffer évidemment. On sentait vraiment l’esprit de cette génération.

‘‘ Les autres joueurs lui ont dit : waouh ! beau gosse !”

Vous vous rendiez réellement dans les hôtels les veilles de finales ?

Oui ! Jocelino Suta transforma­it sa chambre en salon de coiffure et tous les joueurs passaient entre mes coups de ciseaux. Mais je le faisais sans déranger la préparatio­n du staff. C’est une relation de confiance. Ils jouent aux cartes en attendant, ils se chambrent. Il y a vraiment une bonne ambiance. Bon, j’avoue, la finale perdue à Barcelone (- contre le Racing , en ) me reste toujours en travers.

Vous avez créé des liens forts avec les joueurs ?

Les anciens de Toulon profitent de leur temps libre et de leur venue à Mayol avec les adversaire­s du week-end pour se faire coiffer la veille de match aussi. Je fais partie de leur famille. Mes enfants appellent « José » (Suta) « Tonton ».

Pour tous ces extras, heureuseme­nt que j’ai une super équipe de coiffeurs avec Sabri, Linda ma femme qui me soutient toujours et sans qui je ne pourrais pas vivre ce rêve, Chloé et le doyen des coiffeurs, Francky. Comment en êtes-vous arrivé à l’équipe de France ?

Un jour, mon « poto Basta » (Mathieu Bastareaud) m’appelle. Il est dans un hôtel à Aix, la veille de France-Italie avec les Bleus pour jouer le lendemain au Vélodrome. Il me demande si je peux venir le coiffer, lui et ses coéquipier­s. J’y vais. Sur place, Basta transforme sa chambre en salon de coiffure et hop ! Le lendemain, la France gagne. Une victoire attendue depuis fort longtemps. Avant de partir au Japon pour la Coupe du monde, Guilhem Guirado et les Toulonnais sélectionn­és me disent que ce serait super si je pouvais venir les coiffer la veille de FranceArge­ntine. J’ai réussi à leur faire la surprise de ma venue tout juste quelques jours avant. Le « capitaine » Guilhem a transformé sa chambre en salon. J’ai coiffé tous les Bleus inscrits sur la feuille de match et même Sébastien Bruno, du staff. Et le lendemain, après la victoire, j’ai coiffé tous les autres joueurs.

Heureuseme­nt que vous n’êtes pas allé coiffer les Argentins de Toulon ?

Non, je n’ai pas pu (rires).

Je me souviens d’avoir été honoré de rendre un service à Juan Martin Fernandez Lobbe pour une tradition argentine : à l’âge d’un mois, on rase la tête de son enfant. Je fais partie du décor (rires). Je suis invité au mariage de certains. Au salon, j’ai même créé mon mur des légendes avec tous ces pros qui sont venus. J’ai même pas mal de personnes qui rentrent juste pour le visiter.

 ?? (Photos DR) ?? Guilhem Guirado a transformé sa chambre en salon de coiffure pour toute la délégation des Bleus la veille de France - Argentine.
(Photos DR) Guilhem Guirado a transformé sa chambre en salon de coiffure pour toute la délégation des Bleus la veille de France - Argentine.
 ??  ??
 ??  ?? Mathieu Bastareaud revient dans le salon toulonnais de Sam Figaro.
Mathieu Bastareaud revient dans le salon toulonnais de Sam Figaro.

Newspapers in French

Newspapers from Monaco