Cancer du poumon : une chirurgie moins agressive
À la une L’équipe d’ORL de l’hôpital Sainte-Musse est la 1re en Paca à avoir accès en routine à un robot capable de traiter des cancers difficiles d’accès
Ils se développent notamment à la base de la langue et dans certaines régions de l’amygdale. En forte progression, les cancers ORL liés aux papillomavirus (lire encadré) ont pour particularité de se localiser dans des zones très difficiles d’accès pour les chirurgiens. Ce qui les contraint, lorsqu’une intervention est décidée, à réaliser des opérations très invasives, et délabrantes. « Potentiellement, toutes les tumeurs peuvent être retirées. Mais la difficulté d’accès oblige parfois à les aborder par le cou, avec des suites lourdes et l’obligation de reconstruction avec des lambeaux. Le recours au robot chirurgical est particulièrement intéressant dans ces indications. Il permet de passer par les voies naturelles : la bouche, sans générer de voie délabrante. L’intervention dure nettement moins longtemps, les suites sont beaucoup plus simples », indiquent les Drs Jonathan Barbut, Alain Bizeau, chirurgiens ORL, et Charles Collet, chirurgien maxillo-facial à l’hôpital Sainte-Musse à Toulon (service du Dr Bruno Guelfucci). L’établissement varois a choisi d’investir très tôt dans ce robot, composé de trois bras. « L’un tient la caméra, le second une pince, le dernier un bistouri électrique. Un dispositif miniaturisé bien sûr, puisqu’il doit entrer dans la bouche », décrivent les chirurgiens. Si ce recours au robot est privilégié, il n’est pas toujours permis. « Il faut que la configuration anatomique soit compatible ; si la bouche ne s’ouvre pas suffisamment par exemple, la résection de la tumeur au robot est exclue. »
Au-delà de la prouesse technologique, le robot « incarne », selon ces spécialistes, la promesse d’une meilleure qualité de vie pour les patients. « Longtemps, la radiothérapie à forte dose, avec ses effets indésirables à long terme, a été préférentiellement proposée à ces patients. Désormais, et grâce au robot, nous disposons d’une seconde thérapeutique peu invasive, avec des séquelles réduites. »
Une quarantaine de patients bénéficient chaque année de cette chirurgie robotisée à Toulon. C’est encore peu. Mais, ce chiffre pourrait faire un bond. Parce que les cancers ORL liés à l’HPV continuent de progresser. Mais surtout parce que cette intervention étant de mieux en mieux maîtrisée, elle devrait être de plus en plus souvent proposée à des patients exclus aujourd’hui d’une chirurgie « classique ».