« L’intelligence humaine sera-t-elle au rendez-vous de son histoire ? »
Invitée par la Monaco Méditerranée Foundation présidée par Enrico Braggiotti, l’ambassadrice des pôles Ségolène Royal a présenté les constats des scientifiques sur le réchauffement climatique
Si la Principauté enchaîne les temps forts en cette rentrée d’automne, le rendez-vous proposé par la Monaco Méditerranée Foundation (MMF) n’en fut pas des moindres. Jeudi soir, après les rencontres suivies de la présentation du rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) au Musée océanographique et avant le Gala des océans organisé par la Fondation Prince Albert II, Enrico Braggiotti, président de MMF, a invité Ségolène Royal pour donner une conférence sur les conséquences du réchauffement climatique, à la salle Belle Époque de l’Hôtel Hermitage.
Devant de très nombreuses personnalités locales, Laurent Stefanini a prononcé son tout premier discours en tant qu’ambassadeur de France à Monaco, en présence du souverain Albert, II afin de présenter l’ambassadrice pour les pôles, fondatrice et présidente de l’ONG « Désir d’avenir pour la planète ». Une femme qui a « les questions de l’environnement chevillées au corps ».
Un discours « très remarqué » du prince Albert II à l’ONU
Ségolène Royal a inscrit sa conférence dans l’actualité. L’ambassadrice a souligné que le prince Albert II avait prononcé « un discours très remarqué » au Somment climat des Nations Unies à New York. « Vous avez été un des rares chefs d’État à rappeler que les pays les plus riches doivent tenir leurs engagements, notamment financiers, afin que les pays les plus pauvres aient les moyens d’accéder aux énergies renouvelables, et en particulier solaire. » Présenté à Monaco mercredi, le rapport de 900 pages du GIEC donne à Ségolène Royal l’occasion de s’appuyer sur cette actualité pour, elle aussi, lancer l’alerte. «Cerapport contient une très grande partie consacrée à l’Arctique et à l’Antarctique. » Elle en donne quelques éléments clés. « La cryosphère représente 20 % de la planète, et les mers et océans 71 %. Donc ce qui s’y passe à un impact sur tout le reste. Chaque année, nous perdons 430 milliards de tonnes de glaces. Or, ce sont les glaciers qui fournissent l’eau potable de deux milliards de personnes en Europe centrale. Et ces glaciers vont fondre à 80 % de leur volume d’ici 2100. Par ailleurs, la fonte du permafrost est comme un tremblement de terre souterrain. En Sibérie, au Groenland, les infrastructures commencent à se fendre. Cette fonte pourrait également dégager 800 000 tonnes de mercure. La question de l’écologie, c’est la question de l’avenir des relations entre la planète et l’humanité. C’est l’enjeu. » Poursuivant son exposé scientifique, Ségolène Royal a expliqué les conséquences du réchauffement des mers. « L’océan fonctionne aujourd’hui comme un climatiseur de la planète et a absorbé 90 % du réchauffement climatique au cours des vingt dernières années et un quart du CO2. Les mers deviennent acides et perdent leur oxygène. C’est l’effondrement des ressources marines. Le réchauffement des océans provoque également la violence des cyclones et raz-de-marée. Enfin, la montée des eaux s’accélère car la chaleur dilate la mer. Les chefs d’État des États insulaires étaient émus aux larmes durant la COP21 et demandaient de l’aide voyant leur pays disparaître progressivement sous les eaux. Certains ont déjà acheté des terres sur les continents pour pouvoir déplacer leur population. » Et pour achever ce tableau catastrophique, Ségolène Royal note enfin « l’effondrement de la biodiversité avec le risque d’extinction des espèces ». Une lueur d’espoir est lancée en péroraison. Ségolène Royal s’adresse alors directement au Prince qui porte son message auprès des instances internationales : «Jecrois que vous finirez par être entendu ! »