« Nous avons besoin de renouveler notre pensée »
Sous la présidence d’Hervé Morin, Les Centristes planchent à Nice sur les nouvelles questions sociétales majeures, tout en restant résolument ancrés politiquement auprès des Républicains
L’évolution vertigineuse de la société oblige tous les partis à refonder leur réflexion, y compris et surtout à droite. L’université de rentrée des Centristes, ce week-end à Nice, est une loupe des nouvelles problématiques sur lesquelles chacun s’astreint désormais à cogiter. Les cadres du parti planchent ainsi sur trois thèmes majeurs : la réforme des retraites et la dépendance ; la bioéthique et la PMA pour toutes ; un nouveau modèle de croissance plus écologique. « Nous avons besoin de renouveler notre pensée politique, de sortir de nos réflexes sur l’immigration, les déficits ou la sécurité, pour aborder des sujets que nous n’évoquions jusqu’ici qu’à la marge. L’environnement, par exemple, n’est pas un sujet réservé à la gauche » ,a plaidé le patron des Centristes Hervé Morin, par ailleurs président de la Normandie et de Régions de France. Autant d’orientations nouvelles et obligées qu’il inscrit dans un credo : «Ilfaut repartir des territoires, de leur savoir-faire, pour bâtir les politiques. La réussite passera par là. On ne peut pas continuer à être le seul pays d’Europe à croire que le quotidien des habitants se règle depuis les ministères. »
« Rassembler »
Le maire LR de Nice Christian Estrosi, tout comme le président LR de la Région Sud, Renaud Muselier, sont venus conforter cette vision, dont ils sont eux-mêmes les apôtres. L’un et l’autre ont mis en exergue les actions concrètes lancées, sur le terrain, pour répondre à l’urgence écologique, du tram niçois aux cent mesures de la « Cop d’avance » de la Région. « L’Etat doit être davantage à l’écoute et oeuvrer en partenariat avec les territoires » ,a insisté Christian Estrosi. A six mois des municipales, ce rendez-vous niçois est aussi politique. L’occasion pour Les Centristes – qui sont sortis de l’UDI fin 2017, Hervé Morin n’étant plus en phase avec la ligne plus « autonomiste » de son président Jean-Christophe Lagarde – de réaffirmer leur ferme ancrage à droite : « Nous sommes face à une exigence, celle d’être capables d’incarner demain une alternance. Et pour cela, il faut rassembler tout le monde, dans la diversité. Je
crois à un grand mouvement central, favorable à l’économie de marché dans un corps social modernisé » , a posé l’ancien ministre de la Défense. Renaud Muselier, en écho, a appelé à « l’ouverture et au consensus ». « Gaullistes et centristes ont appris à unir leurs forces, a abondé Christian Estrosi.
Moi, je ne suis pas dans une démarche solitaire, contrairement à Jean-Christophe Lagarde. Je suis dans une démarche de construction d’une alternative avec mes amis LR. On n’est pas sur le même schéma », y déclarait le président des Centristes. Réplique de Gilles Cima : « L’UDI existe bel et bien, davantage en tout cas que Les Centristes. Nous avons des élus dans toute la France et soixante parlementaires, quand M. Morin n’en compte qu’une douzaine. Pour notre part, nous sommes des alliés des Républicains, mais pas des supplétifs. Nous avons eu le courage de bâtir un projet et de mener une liste aux européennes. M. Morin n’est animé que par une rancoeur viscérale à l’égard de Jean-Christophe Lagarde. »
Nous devons construire l’avenir, non en nous épurant mais en faisant des additions. » D’ores et déjà, Hervé Morin a évidemment apporté son soutien à Christian Estrosi, dont l’un des principaux adjoints est l’ancien député centriste Rudy Salles, pour l’élection municipale de 2020.