Chirurgie du cancer du poumon : des progrès sur tous les fronts Soins
Réputée très agressive, la chirurgie thoracique, essentiellement dédiée à traiter des cancers du poumon, est en réalité devenue de moins en moins invasive
Une chirurgie lourde, agressive et qui a mauvaise réputation, du fait notamment de complications qui lui sont associées. » C’est ainsi que le Pr JeanPhilippe Berthet, chirurgien thoracique au CHU de Nice (service du Pr Mouroux), définit lui-même sa spécialité. Une introduction sans concession, mais aussitôt tempérée : « Elle a en réalité beaucoup évolué au cours des 10 dernières années, et encore plus rapidement depuis 3 ans. » Des mots plus rassurants à destination des malades que la perspective d’une intervention de ce type, souvent, terrifie. Mais qui sont ces malades ? «Des personnes atteintes de cancer du poumon pour leur majorité (lire encadré), sachant que la chirurgie reste le traitement le plus à même de les guérir », répond le spécialiste.
Epargner la paroi thoracique
Une chirurgie qui a donc fait des progrès considérables, mais qui a surtout vu tomber un certain nombre de dogmes. « Nous avons changé notre façon de raisonner. Avant, on disait qu’une chirurgie agressive était la réponse la plus adaptée à une pathologie elle-même agressive comme le cancer du poumon. » Énorme incision dans le dos, ouverture du thorax, 3 jours de drainage, plus de 10 jours d’hospitalisation… Tel a longtemps été le programme peu réjouissant qui attendait les patients opérés pour un cancer du poumon, même de taille réduite. « Ça semblait inscrit risque de récidives du cancer », le Pr Berthet.
Suivi au domicile
résume
Plus récemment, la spécialité a bénéficié d’un autre progrès majeur : le développement de la RAAC (récupération améliorée après chirurgie), un programme dont le Pr Berthet à tous les stades de la prise en charge : avant, pendant et après l’intervention. » Les résultats sont assez spectaculaires et se traduisent déjà par une réduction majeure de la durée d’hospitalisation : de 10 jours à seulement 3 jours. « Deux jours après l’intervention, le patient peut rejoindre son domicile, après un drainage limité à 24 heures maximum. Les risques de complications de type phlébite ou infection pulmonaire sont considérablement réduits. » La résultante d’efforts majeurs d’information – « un film a même été conçu pour présenter aux malades qui vont être opérés tout le parcours ». Des conseils importants sont également délivrés, concernant l’alimentation, l’exercice physique… « La préparation à l’intervention est essentielle : c’est comme courir un 100 mètres, on doit se préparer… ». Autre sujet important, le sevrage tabagique préopératoire : « l’idéal est d’arrêter de fumer quatre semaines avant l’opération, mais ne serait-ce qu’un sevrage dans les trois à quatre jours qui précèdent le jour J produit déjà des effets positifs en termes de risque opératoire, d’infection, et de cicatrisation. » Une fois à son domicile, le patient sait qu’il peut encore compter sur toute une équipe, infirmières, kinésithérapeutes…, ce qui réduit son stress. « Chaque jour, et pendant toute la semaine qui suit l’intervention, il nous envoie ses données sur son pouls, sa température, ses douleurs aujourd’hui la première cause de mortalité par cancer dans le monde et en France. Environ nouveaux cas sont ainsi dénombrés sur le territoire, composés pour deux tiers d’hommes et d’un tiers de femmes » ,résume le Pr Berthet. Une répartition qui évolue sensiblement ces dernières années avec une stabilisation, voire une diminution du nombre de nouveaux cas parmi les hommes, alors que la maladie touche de plus en plus de femmes, parfois très jeunes. « L’âge moyen des patients au moment du diagnostic est de ans, mais on observe un rajeunissement des malades parmi les femmes : on est ainsi amenés à prendre en charge des patientes âgées d’à peine ans, qui ont commencé à fumer très tôt. » Une observation qui amène le spécialiste à rappeler un fait qu’il ne faudrait pas oublier. « Le cancer du poumon est celui dont on connaît le mieux le facteur de risque : la consommation de tabac ».
La région Paca se distingue tristement par une des incidences les plus élevées en France.
« Et la proportion de femmes touchées y est également supérieure. »
éventuelles… Ce suivi nous permet d’être rapidement alertés en cas de souci, de mobiliser des professionnels de ville ou de le faire revenir à l’hôpital ». Un dispositif qui semble parfaitement convenir aux patients, puisqu’ils sont près de 90 % à se déclarer très satisfaits par ce type de prise en charge selon une enquête réalisée par ce service. À côté de ces progrès majeurs, il reste que le cancer du poumon est encore trop souvent découvert tardivement, après avoir essaimé, excluant le recours à la chirurgie. « Deux tiers des patients qui arrivent à l’hôpital sont inopérables. C’est d’autant plus regrettable que notre région – en particulier le département des Alpes-Maritimes – a une bonne couverture médicale. Ce qui permet d’envisager aisément des diagnostics plus précoces, quand le cancer est encore localisé. Au stade I (tumeurs inférieures à 2 cm), les chances de survie à 5 ans pour un malade opéré sont de plus de 90 % ! ».