Monaco-Matin

Ils reconstitu­ent Le Roi Lion pour sauver les fauves

David Yarrow, le photograph­e animalier le plus coté du moment, et qui expose à Monaco, vient de présenter à Londres une photo inspirée du film de Disney. Il nous a raconté l’histoire

- LUDOVIC MERCIER lmercier@nicematin.fr

Le très côté photograph­e animalier David Yarrow, qui est exposé à la G & M Design Gallery jusqu’au 2 novembre, vient de dévoiler à Londres sa nouvelle oeuvre, baptisée King of Kings, directemen­t inspirée du film Le Roi Lion de Disney. Nous l’avions rencontré à l’ouverture de son exposition monégasque, où la photo King of Kings était visible par quelques privilégié­s, dans un espace très exclusif de la galerie. «Je me suis dit que ce serait vraiment formidable d’utiliser Pride Rock dans une photo, explique l’artiste passionné de paysages sauvages. Pride Rock est le coeur spirituel du film, et je voulais travailler cette image de la même façon que les studios Disney. En toile de fond, 300 mètres plus bas, c’est la quintessen­ce de l’Afrique de l’Est. »

Faux rocher et vraie lumière

Alors il contacte son ami Kevin Richardson, celui qui murmure à l’oreille des lions : « Kevin m’a calmé en me disant que sur les deux cents dernières années, il y a peut être un seul lion qui est passé dix secondes vite fait à cet endroit, et encore… » Le zoologue mordus de fauves l’interrompt : « Peut être même jamais ». Le photograph­e reprend : « C’est vrai après tout. Pourquoi un lion ferait ça ? Ce n’est pas un touriste avec un appareil Pour autant, pas question d’abandonner. Puisque le rocher joue un rôle central dans la photo mais qu’on ne peut pas amener un lion dessus, ils ont imaginé une autre solution : « On s’est dit qu’on pourrait peut-être payer quelqu’un pour construire un rocher pour pouvoir faire monter un lion dessus ». Ils trouvent la perle rare qui fabrique ce rocher en Afrique du Sud, dans le sanctuaire de Kevin Richardson. Le lion, ce sera Bobcat, un superbe adulte pensionnai­re du sanctuaire. Restait ensuite à prendre les deux photos dans des conditions de lumière strictemen­t similaires et à les superposer. Une autre paire de manches pour Richardson : « J’étais paniqué. Quand David était au Kenya, il m’avait envoyé des photos. Je regardais le lion, le rocher, la lumière. La lumière est vraiment devenue une obsession. Comme le Kenya est plus au Nord, il n’y a pas forcément la même lumière à la même heure ! Et puis je n’ai eu aucune répétition. Le jour du shooting, je ne savais pas si Bobcat, le lion, allait sauter sur le rocher, ou pas. » Pour David Yarrow, la lumière n’était pas vraiment un sujet d’inquiétude : « C’est l’angle qui me tracassait. Il fallait qu’on obtienne vraiment le même angle sur les deux prises de vues. On a fini par louer une nacelle élévatrice en Afrique du Sud, pour être bien certain d’y arriver. » Il aura fallu seulement deux jours pour parvenir à obtenir ce remarquabl­e cliché : « Le réalisme de la photo est dans le regard du lion. Ce regard, nous ne l’avons pas eu dès le premier jour, et pour l’avoir il a fallu user de toutes sortes de stratagème­s. »

Queue-de-cheval et drone

Vous avez sans doute déjà vu un chat gratter à la porte pour rentrer, et finalement changer d’avis quand la porte est ouverte. Pour les lions, c’est pareil : «Cesont des gros chats. Ils ont les mêmes réactions. On a utilisé toutes sortes d’accessoire­s : une queue-de-cheval [reconstitu­ée, ndlr], des bouts de viande, un drone pour le faire regarder en l’air. Mais chaque truc n’a fonctionné qu’une seule fois. Et quand on voulait reprendre la photo, Bobcat ne réagissait plus. » C’est finalement grâce au drone que Bobcat a levé la tête avec ce regard inspiré qui fait toute l’intensité de l’image.

« Ça a été l’un des défis les plus difficiles à relever de toute ma carrière, et j’espère que nous pourrons battre quelques records de levée de fonds », a commenté David Yarrow. En effet, la photo sera vendue aux enchères à la G & M Design Gallery, où elle est à présent visible de tous, dans le courant du mois de novembre, au profit de la fondation de Kevin Richardson, qui lutte pour la protection des fauves. Car si le roi des animaux renvoie une image de puissance et de force, il constitue un trophée de chasse de choix pour milliardai­res en mal de sensations. Un jeu de massacre qui a fait diminuer la population de lion de 43 % en 20 ans.

 ?? Photo pour immortalis­er cette vue incroyable. » ?? “King of kings” reprend l’iconograph­ie du Roi Lion de Disney, et sera vendue eu profit de la fondation de Kevin Richardson, qui oeuvre pour la sauvegarde des fauves. (Photo DR – David Yarrow)
Photo pour immortalis­er cette vue incroyable. » “King of kings” reprend l’iconograph­ie du Roi Lion de Disney, et sera vendue eu profit de la fondation de Kevin Richardson, qui oeuvre pour la sauvegarde des fauves. (Photo DR – David Yarrow)
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