La VAR au stade du bilan
Après une expérience grandeur nature lors de la dernière Coupe du monde, la VAR est arrivée en Ligue 1 il y a un peu plus d’un an. Son utilisation n’a pas éteint toutes les polémiques
C’était la grande nouveauté en Ligue 1 lors de l’exercice 20182019 : l’assistance vidéo (VAR). Elle ne devait pas supprimer toutes les erreurs mais, a minima, réduire les injustices. Pourtant, les polémiques autour de l’arbitrage persistent. La VAR met elle-même en lumière ses multiples failles. Malgré les images, le football reste sujet aux interprétations. Et cela suffit pour laisser dans l’incompréhension, sur certaines situations de jeu, joueurs, entraîneurs, journalistes ou supporters.
Depuis août 2018, les couacs ont été multiples. Le 4 mai dernier, Paris accueille Nice au Parc. Neymar s’écroule dans la surface de réparation azuréenne et Frank Schneider, l’arbitre de la rencontre, demande l’appui de la vidéo. Le Brésilien a contrôlé le ballon de la main, puis tiré au-dessus avant que son pied ne soit accroché par Dante, le capitaine du Gym. Le penalty est accordé à l’attaquant parisien malgré une faute de main flagrante.
Nice avantagé, Monaco défavorisé
Malgré les critiques, le nombre d’erreurs a été divisé par trois selon un rapport de la Direction technique de l’arbitrage (DTN). Mais l’arrivée de cet outil n’a pas changé les comportements des joueurs sur le terrain. Le nombre de cartons rouges distribués a augmenté de 15 % tandis qu’il y a seulement 4 % de cartons jaunes en moins. Un bilan contrasté d’autant plus que toutes les équipes ont le sentiment de ne pas être égales face à l’arbitrage vidéo. La saison dernière, après l’instauration de cet outil, l’OGC Nice a empoché six points que le club n’aurait pas eus sans l’arbitrage vidéo. Contre Lyon et Bordeaux, le Gym l’a emporté grâce à des penalties validés après le visionnage des images. Derrière Amiens et Dijon, l’OGCN a été le club le plus avantagé par la vidéo la saison passée. C’est au total six situations qui ont été favorables aux Niçois contre seulement trois défavorables.
Côté monégasque, la situation est bien différente. L’ASM a perdu trois points l’an dernier à cause de la VAR. La rencontre Monaco-Bordeaux du 9 mars reste dans la mémoire des fans du club princier. Après le visionnage des images, l’arbitre de la rencontre François Letexier refuse le but de Vinicius pour une position de hors-jeu. Justice est faite, certes, mais le différentiel entre les situations favorables et défavorables est troublant. Plus tôt dans le match, la VAR a aussi été utilisée pour une main involontaire de Falcao dans la surface, synonyme... de penalty. C’est justement l’un des points de crispation de l’utilisation de la vidéo. Les mains dans la surface de réparation sont les situations les plus compliquées à arbitrer car elles laissent place à la fameuse interprétation.
Laisser la main aux coachs ?
Et pourquoi ne pas instaurer un coup franc indirect dans la surface, en cas de main involontaire ? Pour Saïd Ennjimi, ancien arbitre de L1, aujourd’hui consultant pour L’Équipe, ce n’est pas viable.
« Par définition, une main est volontaire et empêche une action de se dérouler. Je ne suis pas pour. »
Les propositions ne manquent pas pour améliorer l’outil.
Les hommes en noir doivent faire preuve d’une plus grande psychologie. La promotion d’ex-joueurs professionnels vers l’arbitrage, à l’instar d’un Gaël Angoula, irait dans le bon sens. L’autre grande proposition pourrait venir de la nomination d’arbitres spécialistes de la VAR. Des automatismes pourraient ainsi être créés puisque actuellement les arbitres alternent entre le champ et la vidéo. D’anciens arbitres pourraient également reprendre du service dans le but d’apporter de l’expérience à ce poste de visionnage.
Les entraîneurs pourraient également demander eux-mêmes l’assistance vidéo. Cette pratique existe déjà dans d’autres sports sous la dénomination de « challenge » en cas d’action litigieuse. Pour éviter les abus, ils sont limités en nombre (trois par set au tennis ou deux par match au football américain à titre d’exemples). Les coachs de L1 pourraient ainsi demander une à plusieurs fois par rencontre la vidéo. L’idée ne convainc pas Élie Baup, ancien coach de L1 : « Ça ne me paraît pas être une bonne idée car l’arbitre doit rester le seul à décider ».
Diffuser les échanges entre l’arbitre central et ceux de la VAR, impliquer d’anciens joueurs dans l’utilisation de l’outil, les reponsables de l’arbitrage ont plusieurs options sur la table. A eux, désormais, de choisir les bonnes.