- : la ligne NiceBreil-Cunéo fête ses ans
octobre 1979 : le renouveau. Ils sont des centaines sur le quai de la gare à Breil-surRoya, venus fêter un événement exceptionnel : la réouverture de la ligne Nice-Breil-Cunéo. La locomotive arrive et semble fendre la foule qui se presse autour d’elle. Les drapeaux tricolores, les calicots, les fanions sont brandis, dressés, agités. C’est à peine si l’on remarque une course-poursuite entre les forces de l’ordre et les quelques détracteurs venus pour manifester leur mécontentement face à cette réouverture. Les officiels se congratulent : c’est un avenir radieux pour la vallée qui s’annonce. En ces années de crise pétrolière, le train, c’est la solution pour désenclaver la Roya isolée. Avec plus d’une dizaine de rotations journalières, Breil est à un peu plus d’une heure de Nice et de Cunéo, les correspondances pour Vintimille et Monaco sont établies suivant un horaire bien calculé.
octobre : la fin d’un rêve ?
Les habitants, les futurs usagers se prennent à rêver du renouveau de la ligne internationale, qui déversait son flot de touristes, en provenance du Piémont, de Suisse ou d’Allemagne, en mal de montagne française ou de grande bleue. Ils seront des centaines sur le quai de la gare à Breil-sur-Roya, ils viendront pour fêter les 40 ans de la réouverture de cette ligne que beaucoup nomment « ligne de vie », comme si leur quotidien, leur vie en dépendait. Beaucoup seront là pour revendiquer leur droit à un transport public digne de ce nom. Les calicots, les drapeaux seront accrochés ou brandis, mais derrière chaque sourire, chaque air de musique, il y aura ce cri : «Nenous abandonnez pas ! ». Les rotations Breil-Tende sont réduites à deux par jour, la vitesse des trains réduite, elle aussi, à 40 km/h et même à 10 km/h sur certaines portions, les horaires ne permettent plus de prendre sereinement les correspondances, les gares sont vides de personnel et l’usager a bien souvent face à lui une machine (quand elle fonctionne) qui avale son argent en échange d’un ticket.
Ce dimanche 6 octobre, dès 9 heures, la fête et la revendication seront au rendez-vous de la locomotive italienne historique – le train historique français n’ayant pas reçu l’autorisation de circuler.
Une fermeture annoncée et des investissements bloqués
Les usagers et les habitants, soutenus par les officiels des vallées Roya-Bévéra et Paillons (lire cidessous) viendront manifester pour que la ligne – leur ligne – ne soit pas vouée aux gémonies de l’impératif économique.
Face à une fermeture de la ligne annoncée pour 2022, les maires de la vallée se sont réunis à Breil sous l’impulsion du maire du village, André Ipert et, comme pour l’initiative contre la circulation des 19 t, ont décidé de résister, avec tous les moyens, toutes les actions, tous les recours, qu’il leur est possible de faire. La conseillère régionale, Laurence Boetti-Forestier, ne ménage pas ses interventions auprès des autorités compétentes, la députée Alexandra Valetta-Ardisson a aussi promis d’intervenir en faveur du maintien de la ligne. Il y a quelques jours encore, André Ipert a initié une réunion avec les associations italiennes de la ligne et du train. L’Italie a réalisé 29 millions de travaux dans la Roya et les 15 millions financés par la France ne sont toujours pas débloqués. Les 15 000 habitants des vallées vont perdre leur desserte ferroviaire. Face à cela, tous ont décidé de lutter afin de préserver ce qu’ils considèrent comme plus qu’essentiel pour leur avenir et celui de leurs enfants. Ces enfants qui, à 60 ans, auront peut-être le bonheur de fêter les 100 ans de la réouverture de la ligne.