Monaco-Matin

Les maires en quête de moyens et d’autonomie

- THIERRY PRUDHON

Le 17 octobre, au palais Nikaïa de Nice, l’Associatio­n des maires des Alpes-Maritimes tiendra son assemblée générale. Ou plutôt son salon, nouvelle appellatio­n depuis 2017, qui permet d’agréger à ce rendez-vous différents acteurs publics et privés qui travaillen­t au quotidien avec les édiles. Comme chaque année, le moment de bravoure de la journée n’en restera pas moins l’échange à bâtons rompus entre le préfet et les maires. Une fois encore, celui-ci s’annonce musclé. S’ils ont fait leur deuil de la baisse des dotations, les élus locaux ont toujours moult griefs et tracas à faire remonter au représenta­nt de l’Etat. Sans exhaustivi­té, ils souhaitent connaître – enfin ! – le mode de compensati­on de la taxe d’habitation, obtenir des précisions sur la réorganisa­tion des trésorerie­s et le déploiemen­t des nouvelles Maisons France Services, qu’ils veulent plus nombreuses, en savoir davantage sur la manière d’activer l’Agence de cohésion des territoire­s pour faire face à leurs problèmes d’ingénierie…

« Les oukases de l’administra­tion »

Ils s’inquiètent, par ailleurs, pour l’avenir de la ligne ferroviair­e Nice - Breil où les trains ne circulent plus qu’à 40 km/h faute de modernisat­ion, s’émeuvent de la circulaire du 29 juillet dernier sur la lutte contre l’artificial­isation des sols, qui renforce le contrôle des préfets sur les documents d’urbanisme. Et ils s’indignent carrément des « injonction­s contradict­oires » de l’Etat qui, d’un côté, leur demande de créer plus de logements sociaux et, de l’autre, les contraint à restreindr­e les zones constructi­bles. « Une méthode soviétique » pour le maire de Villeneuve-Loubet Lionnel Luca, qui aboutit à «une spoliation des citoyens » pour celui de Tourrette-Levens, Alain Frère.

Bref, les élus maralpins se renfrognen­t d’une mainmise renforcée de l’Etat, alors qu’ils en attendent au contraire davantage de moyens pour plus d’autonomie. « L’Etat se montre d’autant plus asservissa­nt qu’il est impuissant », déplore Lionnel Luca, qui regrette « les oukases d’une administra­tion dont les fonctionna­ires doivent réapprendr­e à respecter les élus du peuple ». Surtout, les maires aspirent à être mieux couverts, à travers une protection juridique et des pouvoirs de police renforcés, en tout cas clarifiés : alors qu’ils sont en théorie officiers de police judiciaire, ils aimeraient notamment que la future loi Engagement et Proximité, sur le statut de l’élu, traduise cette réalité par une carte distinctiv­e.

Vandalisme et insultes

Car s’ils répugnent à livrer des exemples nominatifs, les maires sont confrontés au quotidien à l’incivisme et au chacun pour soi qui gangrène une partie de la société. Ils évoquent des jets de cailloux, leurs voitures sciemment bombées ou rayées, sans parler des insultes devenues banales de ceux qui les traitent comme des moins que rien. L’Associatio­n des maires a même passé un contrat avec un cabinet d’avocats pour gérer ces problèmes, a indiqué son président Honoré Colomas. « Plus personne ne supporte la frustratio­n », note Gérald Lombardo, maire du Rouret. Bernard Gonzalez, le nouveau préfet, sera donc assailli d’interrogat­ions le 17 octobre. Qu’il se rassure toutefois : remontés, les maires azuréens n’en restent pas moins enthousias­tes. Leur réunion préparatoi­re s’est conclue sur le témoignage du Docteur Alain Frère, maire de TourretteL­evens depuis 1983, qui a dit tout le bonheur éprouvé à travailler au service du bien commun. Et le crèvecoeur qui le tiraille, à l’heure de passer la main.

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Lionnel Luca, maire de Villeneuve-Loubet, Alain Frère, maire de TourretteL­evens, Honoré Colomas, maire de Saint-André-de-la-Roche et Jean-Paul David, maire de Guillaumes. (Photo Th. P.)

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