Monaco-Matin

Un jeune prêtre part en mission au Cambodge

Le jeune prêtre ordonné à Monaco en mai 2018 s’apprête à enfiler sa robe de missionnai­re et partir à Phnom Penh. Une vocation peu commune. Une aventure « pour la vie »

- LUDOVIC MERCIER lmercier@nicematin.fr

J’ai rencontré Will en septembre 2017. À l’arrière du petit train, mobilisé pour les célébratio­ns de la Saint-Roman. Un groupe de jeunes avec des chapelets fluo et des t-shirts sur lesquels Jésus joue de la guitare électrique, et le futur père Will, chante d’une voix tonitruant­e « Resucito », un chant religieux espagnol hyper entraînant. Leur message est celuilà : leur foi est vivante. Cela résume assez bien l’univers de Will Conquer.

Ordonné prêtre en mai 2018 en la cathédrale de Monaco, il partira demain pour Phnom Penh. Hier, il nous avait donné rendez-vous au port de Fontvieill­e, devant le Kenavo II, un voilier de 1942 avec lequel il a effectué un départ symbolique hier soir, après la messe donnée en son honneur à Sainte-Dévote, pleine à craquer. Et quand on parle du grand voyage qui l’attend, on retrouve son énergie, son caractère : « Je vais partir en train, par Milan, Vienne, Varsovie, Riga, Moscou. Là, je prendrai le Transmongo­lien, qui traverse le désert de Gobie en six jours et sept nuits. Ensuite, il y aura toute la Chine à traverser. De Pékin à Nanning, puis à Hanoï. Là, il y aura le train qui traverse tout le Vietnam en 48 heures. Et à Saïgon, je prendrai une vieille moto pour faire la fin de la route à travers les marécages du delta du Mékong. Je veux vivre la foi chrétienne comme une aventure. » Une personnali­té forte, une présence, un charisme. Autant d’éléments qui peuvent poser problème dans un contexte très lisse.

Tempête d’émotions

« Je suis infiniment reconnaiss­ant qu’on ne m’ait pas demandé d’être quelqu’un d’autre. L’Église c’est mieux que McDo. C’est “Venez comme vous êtes vraiment” .»

À la veille de son départ, c’est une tempête d’émotion qui s’agite dans cette tête bien faite et ce coeur gigantesqu­e. « Je pars dans la joie parce que c’est un événement que j’attendais depuis si longtemps. C’était une petite bougie, aujourd’hui c’est un énorme brasier dans mon coeur. C’est un rêve qui devient réalité. »

Quitter sa famille et ses amis est un déchiremen­t qu’il euphémise, mais que sa voix trahit un peu. «Une tristesse humaine, mais une joie surnaturel­le ». La technologi­e permet aujourd’hui de rester en contact très facilement, mais c’est aussi un piège dans lequel il ne veut pas tomber. Lui qui voulait évangélise­r sur Snapchat connaît trop bien le sujet. « Avec les nouvelles technologi­es, on peut vivre à un endroit et rester déraciné. »

« Déjà amis sur Facebook »

Alors ses proches lui ont promis de le laisser s’ancrer pendant deux ans avant de lui rendre visite, dans ce pays dont il ne connaît rien pour l’instant. « J’y arriverai pour la toute première fois le 1er novembre, le jour de la Toussaint. Mon arrivée a déjà été annoncée dans les paroisses, et je reçois des messages de certains fidèles. On ne se connaît pas encore, mais on est déjà amis sur Facebook. »

Là-bas, il apprendra la langue la première année, puis il sera envoyé en immersion totale « dans un village de pêcheurs ou à la campagne» pour qu’il n’ait pas la tentation de parler une autre langue. Au bout de trois ans, il ira dans un territoire sans paroisse. Le vrai sens de la mission. « Il y a un vrai travail à faire pour montrer à la jeunesse du Cambodge qu’on leur fait confiance pour être l’Église de demain. » Will Conquer, au nom prédestiné, ne coupe pas totalement les ponts, puisqu’il reste prêtre du diocèse de Monaco. Il reviendra tous les trois ans.

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L.M.) Après le départ symbolique à bord de ce voilier, Will Conquer partira demain en train.(Photo

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