DES CHANTIERS QUI TRAÎNENT ET QUI COÛTENT
Lors de l’ouverture des séances du budget rectificatif, hier au Conseil national, les élus monégasques ont exprimé leur mécontentement face aux retards pris sur de grands chantiers dont les surcoûts oscillent entre 20 et 40 %.
Des surcoûts par centaines de millions d’euros, des retards de livraison qui se comptent en années, des chantiers modifiés en cours de route,... «Cette situation constitue une préoccupation majeure pour le Conseil national », note Balthazar Seydoux, rapporteur au nom de la commission des Finances et de l’Économie nationale. Et les conseillers nationaux ont de quoi dire !
« Les crédits de paiement au titre des dépenses d'équipement progressent de 192,7 millions d’euros, les portant ainsi à 632,5 millions d’euros, soit pour la première fois, à un montant supérieur aux crédits inscrits au titre des dépenses de fonctionnement. Face à de telles sommes, et au vu de l’ampleur des chantiers déjà engagés, la Commission des Finances et de l’Économie Nationale s’interroge sur la capacité des services du Gouvernement à suivre de manière très précise toutes ces opérations, afin d’éviter les défaillances, voire les malfaçons, les retards ainsi que les dérapages de budget, qui ont pu être constatés depuis plusieurs années. »
Sans compter le désastre des Jardins d’Apolline et de L’Hélios, l’Îlot Pasteur, le nouvel hôpital et le parking de la Darse Nord et celui du Jardin exotique sont autant de dossiers difficiles.
Le président du Conseil national, Stéphane Valeri, explique : « Les retards s’ajoutent aux surcoûts, qui se cumulent parfois avec des problèmes de qualité, Apolline en étant la plus triste illustration avec 240 familles monégasques déménagées et près de 90 millions d’euros de dépenses pour réhabiliter un immeuble d’à peine 5 ans et gérer la crise du relogement [projet qui a coûté initialement 87,9 millions d’euros, puis 55 millions pour la réhabilitation cinq ans après sa livraison, et enfin quelque 30 millions pour le relogement temporaire des locataires, ndlr] .»
Il attend donc « des mesures fortes allant de la révision des procédures d’appels d’offres, à la réorganisation de la direction des Travaux publics, d’un meilleur contrôle des chantiers à la mise en place réelle du principe du mieux-disant. »
Balthazar Seydoux liste les dérives.
Mieux-disant et non plus « moins-disant »
En réponse au rapporteur du Conseil national, Serge Telle a pris soin d’évoquer les problèmes des grands travaux « toujours plus complexes » et pour lesquels les « investissements atteignent des sommes sans précédent ». Ses réponses sont claires : « L’amélioration des processus qualité est au coeur de la feuille de route du nouveau directeur des Travaux publics. Les orientations que Madame Gramaglia [conseiller de gouvernement-ministre pour l’Équipement, l’Environnement
et l’Uranisme, ndlr] lui a données visent à assurer un meilleur contrôle et une plus grande responsabilisation des acteurs de la construction. Des évolutions très concrètes ont déjà vu le jour, en particulier grâce à la consécration du principe de l’attribution des marchés publics au mieux-disant. »
De plus, la direction des Travaux publics est totalement repensée. « Le nouveau directeur des Travaux publics a proposé un certain nombre de recrutements et une réorganisation de son service : nous vous les présenterons en détail lors de la Commission Plénière d’Études consacrée aux grands travaux le 7 novembre prochain. » Voici qui pourrait permettre enfin de tourner la page d’une période assez désastreuse.