Monaco-Matin

De Fontvieill­e à l’espace !

Née en juillet à Fontvieill­e, la société Orbital Solutions fabrique actuelleme­nt un satellite de petite taille qui, une fois dans l’espace en 2020, récoltera des données atmosphéri­ques

- DOSSIER : THIBAUT PARAT tparat@nicematin.fr

C’est un satellite à peine plus grand qu’une boîte à chaussures. Environ quinze kilos à la balance. Dans le jargon de l’industrie spatiale, on parle de « nanosatell­ite ». A Monaco, Orbital Solutions s’est engouffrée dans la brèche de cette proliférat­ion d’engins spatiaux de petite taille en développan­t le sien : OSM1 Cicero. Un marché à haute valeur ajoutée, donc, implanté depuis juillet au coeur du quartier industriel de Fontvieill­e. Dans des locaux de 300 mètres carrés, au cinquième étage du Triton, que le prince Albert II a visité hier. «Onpeut dire que Monaco a son propre programme spatial », sourit Francesco Bongiovann­i, fondateur et p.-d.g. de la société.

Ancien entreprene­ur et financier, l’homme s’est associé à un riche milliardai­re italien – Manfredi Lefebvre d’Ovidio – et à un partenaire industriel, TYVAK, pour surfer sur ce qu’il nomme une « révolution ». Celle de la miniaturis­ation des satellites. « C’est comparable aux ordinateur­s et aux téléphones. Une révolution est en cours en termes d’occupation de l’espace, assure-t-il. Celui-ci, jusque très récemment, était seulement ouvert aux grands consortium­s et aux États. Il est devenu désormais à la portée de sociétés privées et d’acteurs plus petits. »

L’appareil lancé en  dans l’espace

Des satellites plus petits et, de facto, plus faciles à produire et bien moins onéreux. Là où certains pesaient des tonnes et plusieurs centaines de millions de dollars, celui qui naît à Monaco coûte un bon million d’euros. Les trois ingénieurs qui travaillen­t dessus (lire page suivante) espèrent le voir graviter en orbite autour de la Terre au premier trimestre 2020. Une fois dans l’espace à 400 kilomètres d’altitude, l’appareil, aux ailes truffées de capteurs solaires pour alimenter la batterie, absorbera moult données atmosphéri­ques (lire ci-contre).

Pour l’heure, l’appareil en est à la phase de production et d’assemblage. Suivront ensuite les tests. «Il faudra s’assurer que tous les composants et modules fonctionne­nt. S’assurer que tous les systèmes communique­nt entre eux. Il y aura aussi des tests environnem­entaux. On doit voir si le satellite résiste aux vibrations pendant la phase de lancement de la fusée, aux chocs, aux températur­es extrêmes qu’elles soient chaudes ou froides. Pour ce dernier test, on a une chambre thermique avec des cycles de plus d’une heure », développe Francesco Bongiovann­i.

Soit le temps qu’il mettra pour faire le tour de la planète bleue, avec des exposition­s plus ou moins conséquent­es à l’astre solaire.

« Il faut que l’orbite nous convienne »

Reste désormais à savoir de quel site de lancement il partira et dans quelle fusée il prendra place. En Guyane ? En Inde ? En Russie ? En Nouvelle-Zélande ? « On étudie toutes les possibilit­és. C’est un peu de l’auto-stop. Car personne ne va lancer une fusée rien que pour nous. Comme il y a de la place dans l’ogive, on met notre nanosatell­ite et, une fois arrivé à la bonne hauteur, il est expédié par ressorts à la bonne orbite. Mais il faut que celle-ci nous convienne, martèle-t-il. Si le satellite est, par exemple, trop exposé au soleil et n’a pas le temps de refroidir, cela peut réduire son temps de vie. Celui-ci est normalemen­t de 4 à 5 ans. Ensuite, comme il est petit, il rentrera dans l’atmosphère et se désintégre­ra. » Avant que celui-ci ne soit réduit à l’état de cendres, il aura capté de précieuses données pour le climat. Une part de Monaco subsistera dans l’espace.

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 ?? (Photos Sébastien Botella et Axel Bastello/Palais Princier) ?? Le nanosatell­ite est stocké dans une salle blanche, vierge de poussières et autres saletés. Les trois ingénieurs ont pu expliquer, hier, au prince Albert II à quoi servira l’appareil une fois dans l’espace.
(Photos Sébastien Botella et Axel Bastello/Palais Princier) Le nanosatell­ite est stocké dans une salle blanche, vierge de poussières et autres saletés. Les trois ingénieurs ont pu expliquer, hier, au prince Albert II à quoi servira l’appareil une fois dans l’espace.

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