Monaco-Matin

L’effrayant Joker de Todd Phillips

- PHILIPPE DUPUY jpdupuy@nicematin.fr

JOKER

De Todd Phillips (USA).

Avec Joaquin Phoenix, Robert De Niro, Zazie Beetz. Durée :  h . Genre : drame. Notre avis : ★★★★★

L’histoire

Handicapé mental suite à des mauvais traitement­s subis dans son enfance, Arthur Fleck (Joaquin Phoenix) vit avec sa vieille mère à Gotham City et travaille comme clown pour la publicité, les anniversai­res et les hôpitaux. En regardant chaque soir le show de Murray Franklin (Robert de Niro) à la télé, il rêve de se produire sur scène comme humoriste et note ses meilleures blagues dans un grand carnet qui ne le quitte jamais. Sa vie bascule lorsqu’il est agressé dans la rue et perd son boulot...

Notre avis

On s’en doutait depuis le Lion d’or obtenu à la Mostra de Venise, le Joker de Todd Phillips, même sous licence DC Comics, n’a rien à voir avec un film de super-héros lambda. Ni même avec le prequel de Batman annoncé (bien qu’on y croise la famille de Bruce Wayne). C’est un film noir et violent, qui aurait très bien pu être signé Martin Scorsese. Le scénario évoque d’ailleurs un mix de Taxi Driver et de King of Comedy. La présence de Robert de Niro en présentate­ur de télévision renforce évidemment cette impression. Idem pour la reconstitu­tion de Gotham City, qui ressemble à s’y méprendre au New York crade et dangereux de Taxi Driver.

Dire qu’on n’attendait pas un tel chefd’oeuvre de Todd Phillips serait un doux euphémisme. Le réalisateu­r de Very Bad Trip et de Date Limite est totalement transfigur­é. C’est Bruce Wayne lorsqu’il enfile le costume de Batman ! On rêve d’ailleurs de lui voir réaliser un film de la saga de l’homme chauve-souris. Christophe­r Nolan n’a qu’à bien se tenir !

Mais si Joker est un tel choc, c’est bien sûr grâce à (ou à cause de) la prestation hallucinée et hallucinan­te de Joaquin Phoenix. Spécialist­e des rôles « habités » et borderline (Beautiful Day, Inherent Vice, The Immigrant, The Master, La Nuit nous appartient...), l’acteur a perdu 25 kg pour incarner Arthur Fleck. Sa maigreur est encore plus effrayante que son rire névrotique. Et pourtant, il réussit à rendre le personnage fragile et presque « aimable ». Un « freak » qui porte sur ses épaules décharnées toute la misère et toute la violence du monde et qui décide de la retourner à l’envoyeur.

Dans tous les plans, Phoenix fait oublier les incarnatio­ns précédente­s, pourtant supposées indépassab­les, du Joker par Heath Ledger et Jack Nicholson. S’il n’obtient pas l’Oscar pour ce rôle-là, il faut dissoudre l’Académie. Dans de l’acide chlorhydri­que !

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