Monaco-Matin

Le Rouret : Xylella Fastidiosa, la filière oléicole contre attaque

- P. F.

L’inquiétude grimpe d’un cran... Présente sur le territoire depuis 2015, la bactérie Xylella fastidiosa est devenue, au même titre que le charançon ou la Pyrale du buis, un « classique » parmi les nuisibles qui touchent le départemen­t. Oui, mais voilà... En septembre, première dans les Alpes-Maritimes, deux oliviers infectés ont été abattus, à Menton et Antibes. Ce qui, évidemment, émeut les profession­nels d’une filière oléicole hautement emblématiq­ue (1). Une réunion d’informatio­n était, ainsi, organisée, hier, par la Chambre d’agricultur­e, au Rouret. Aux côtés des pros, membres de la Draaf (direction régionale de l’alimentati­on, de l’agricultur­e et de la forêt), de la Fredon (fédération régionale de défense contre les organismes nuisibles) ou de l’Inra (institut national de la recherche agronomiqu­e) étaient rassemblés à la Maison du terroir. D’abord, « pour réexplique­r les réglementa­tions, les moyens pour identifier une infestatio­n, indique Jean-Philippe Frère, vice-président de la Chambre d’agricultur­e. Ça a permis de rassurer les gens, de savoir qu’ils peuvent nous contacter, nous ou la Fredon, en cas de suspicion. Nous avons besoin d’un maximum de réactivité. » En effet, si aucun pro n’a encore été touché, la Xylella fait peur. «Sijamais un oléiculteu­r est touché, il n’a pas le droit, même après arrachage, de replanter sur la parcelle l’une des 350 essences susceptibl­es d’être touchées par la bactérie. En gros, on ne fait plus rien. Même chose si on doit abattre les végétaux dans un rayon de 100 m [normes européenne­s] de l’arbre infecté. On reste comme ça 5 ans, 10 ans ? Si l’on ne plante rien sur cette période, de toute manière, on est mort...»

Fonds de soutien et voyage en Italie

Alors, place à l’action, en faisant passer « quelques messages aux services de l’État. » En redemandan­t l’éradicatio­n des plants de polygales à fleurs de myrte, où s’est développée la Xylella dès 2015. « On nous a redit que c’était impossible. » Ce qui est possible, en revanche, et a même été acté, c’est la création d’un fonds de soutien. « Il sera autofinanc­é et une ponction de 50€ par exploitati­on se fera, via la MSA [mutuelle sociale agricole], à l’échelle nationale. Ça représente­rait 150 000€, plus 300 000€ de l’Europe. Ça permettra de venir en aide à un pro s’il est touché. Après, s’il y a une forte propagatio­n, la somme sera vite dépensée mais c’est mieux que rien...» En parallèle, des études vont être menées par la Fredon pour savoir s’il y a « une vie après la mort ». À ce titre, JeanPhilip­pe Frère indique que la Chambre d’agricultur­e organisera, dans les prochains mois, un voyage dans les Pouilles, région italienne infectée dès 2013 et où l’espoir renaît. « Nous aurions dû faire ça dès 2015... Nous avons l’exemple d’un oléiculteu­r qui a fait une taille très sévère sur des arbres infectés et ils repartent. Nous allons nous y rendre, rencontrer les pros, les chercheurs. Il y a des solutions à trouver. » Un voyage, pour continuer d’y croire. « Donnons-nous une chance, conclut-il. Mais on n’est pas fous : si on voit que rien n’est possible, on fera ce qu’il faut. »

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