« L’intelligence artificielle nous concerne tous »
Le Département a lancé, hier, un cycle de conférences pour sensibiliser le grand public à cet enjeu de demain. Entretien avec le président du conseil départemental, Charles-Ange Ginésy
L’intelligence artificielle (IA), c’est quoi ?
À ce jour, l’IA c’est la gestion et l’interprétation des data, les données publiques ou privées. Mais parler d’intelligence artificielle au sens d’intelligence humaine n’est pas encore d’actualité. On n’a pas aujourd’hui d’intelligence capable de se générer toute seule sans intervention de l’homme : c’est lui qui conçoit les algorithmes qui permettent de passer des data brutes aux data corrigées en fonction de ses aspirations. L’exemple le plus fréquent, ce sont les propositions Amazon : ceux qui sont clients reçoivent des suggestions de produits en fonction de leur profil. Les data ne parlent pas seules : l’intelligence pour l’instant reste celle de l’homme.
Trouver le secret de l’IA, c’est de la science-fiction ?
La machine peut-elle devenir totalement autonome ? Ça peut ou non : c’est tout l’enjeu. On n’a pas vu venir le ., le .. Le . nous impacte déjà. Certains métiers sont remis en question. L’orthodontie, par exemple : il y a dix ans, tout le monde s’accordait à dire que la présence d’un praticien était indispensable. Aujourd’hui, on peut fabriquer les gouttières adaptées au problème de chacun à partir des data.
Ça va profondément modifier nos vies ?
L’IA ouvre un immense champ des possibles : des progrès immenses pour la vie, le confort, la santé. Certains imaginent même la mort de la mort. Mais ça pose aussi des questions éthiques, graves et essentielles comme l’eugénisme ou les équilibres sociaux et mondiaux.
Comment encadrer ce progrès, comment « bien » l’utiliser ?
La question, c’est : ‘‘allons-nous subir ou allons-nous conduire ?’’ A mon sens, il ne faut pas que l’homme se dépossède de cette capacité à conduire la machine. Le choix doit se faire aujourd’hui.
Il y a les mastodontes : Google, Apple, la Chine… Mais vous dites que chacun peut agir ?
On peut avoir une action à une échelle de territoire telle que le département même si la performance ne viendra que de l’agrégation des données mondiales. Les Alpes-Maritimes, modestement, peuvent apporter leur pierre contributive.
Comment ?
La maison de l’IA, que nous sommes en train de monter sur Sophia Antipolis, permettra de créer un écosystème, avec des chercheurs, des philosophes, l’Université Côte d’Azur et son président Jean-Marc Gambaudo, la Chambre de commerce et d’industrie, les acteurs économiques etc., pour réfléchir à toutes ces questions. Début janvier, on lancera aussi un observatoire des impacts technologiques, économiques et sociétaux de l’IA.
Ce cycle de conférences, c’est aussi porter la question vers le grand public ?
Pour que la machine ne nous échappe pas il faut former les hommes. Ce cycle de conférences est une procédure de sensibilisation et de lanceur d’alerte sur un sujet qui peut paraître trop technique mais qui est essentiel et remet en cause les bases de la vie de l’homme. L’IA nous concerne tous. Chacune de nos conférences est portée par des experts de la question. La prochaine aura lieu dans le cadre du congrès azuréen « SophIA Summit » qui se déroulera du au novembre à l’hôtel BeachComber. Un rendez-vous est prévu le novembre à partir de heures au Palais des rois sardes à Nice sur le thème de la santé. Une dernière conférence sur l’IA et l’éducation est prévue en décembre.