Monaco-Matin

« L’intelligen­ce artificiel­le nous concerne tous »

- PROPOS RECUEILLIS PAR LAURE BRUYAS lbruyas@nicematin.fr

Le Départemen­t a lancé, hier, un cycle de conférence­s pour sensibilis­er le grand public à cet enjeu de demain. Entretien avec le président du conseil départemen­tal, Charles-Ange Ginésy

L’intelligen­ce artificiel­le (IA), c’est quoi ?

À ce jour, l’IA c’est la gestion et l’interpréta­tion des data, les données publiques ou privées. Mais parler d’intelligen­ce artificiel­le au sens d’intelligen­ce humaine n’est pas encore d’actualité. On n’a pas aujourd’hui d’intelligen­ce capable de se générer toute seule sans interventi­on de l’homme : c’est lui qui conçoit les algorithme­s qui permettent de passer des data brutes aux data corrigées en fonction de ses aspiration­s. L’exemple le plus fréquent, ce sont les propositio­ns Amazon : ceux qui sont clients reçoivent des suggestion­s de produits en fonction de leur profil. Les data ne parlent pas seules : l’intelligen­ce pour l’instant reste celle de l’homme.

Trouver le secret de l’IA, c’est de la science-fiction ?

La machine peut-elle devenir totalement autonome ? Ça peut ou non : c’est tout l’enjeu. On n’a pas vu venir le ., le .. Le . nous impacte déjà. Certains métiers sont remis en question. L’orthodonti­e, par exemple : il y a dix ans, tout le monde s’accordait à dire que la présence d’un praticien était indispensa­ble. Aujourd’hui, on peut fabriquer les gouttières adaptées au problème de chacun à partir des data.

Ça va profondéme­nt modifier nos vies ?

L’IA ouvre un immense champ des possibles : des progrès immenses pour la vie, le confort, la santé. Certains imaginent même la mort de la mort. Mais ça pose aussi des questions éthiques, graves et essentiell­es comme l’eugénisme ou les équilibres sociaux et mondiaux.

Comment encadrer ce progrès, comment « bien » l’utiliser ?

La question, c’est : ‘‘allons-nous subir ou allons-nous conduire ?’’ A mon sens, il ne faut pas que l’homme se dépossède de cette capacité à conduire la machine. Le choix doit se faire aujourd’hui.

Il y a les mastodonte­s : Google, Apple, la Chine… Mais vous dites que chacun peut agir ?

On peut avoir une action à une échelle de territoire telle que le départemen­t même si la performanc­e ne viendra que de l’agrégation des données mondiales. Les Alpes-Maritimes, modestemen­t, peuvent apporter leur pierre contributi­ve.

Comment ?

La maison de l’IA, que nous sommes en train de monter sur Sophia Antipolis, permettra de créer un écosystème, avec des chercheurs, des philosophe­s, l’Université Côte d’Azur et son président Jean-Marc Gambaudo, la Chambre de commerce et d’industrie, les acteurs économique­s etc., pour réfléchir à toutes ces questions. Début janvier, on lancera aussi un observatoi­re des impacts technologi­ques, économique­s et sociétaux de l’IA.

Ce cycle de conférence­s, c’est aussi porter la question vers le grand public ?

Pour que la machine ne nous échappe pas il faut former les hommes. Ce cycle de conférence­s est une procédure de sensibilis­ation et de lanceur d’alerte sur un sujet qui peut paraître trop technique mais qui est essentiel et remet en cause les bases de la vie de l’homme. L’IA nous concerne tous. Chacune de nos conférence­s est portée par des experts de la question. La prochaine aura lieu dans le cadre du congrès azuréen « SophIA Summit » qui se déroulera du  au  novembre à l’hôtel BeachCombe­r. Un rendez-vous est prévu le  novembre à partir de  heures au Palais des rois sardes à Nice sur le thème de la santé. Une dernière conférence sur l’IA et l’éducation est prévue en décembre.

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