Procès des bonbonnes : la personnalité et le rôle troublant de Selima Aboudi
Après plus de 15 jours de procès, c’est la première fois que Selima Aboudi prend la parole. Elle est poursuivie pour dénonciation de crimes dans le cadre de l’attentat raté de Notre-Dame de Paris en 2016. Originaire d’un quartier difficile de Metz, la jeune femme a grandi au sein d’une famille très soudée. Aujourd’hui, elle est la seule de ce gang de femmes à comparaître libre, mais soumise à un strict contrôle policier. Puis c’est au tour de l’ex-petit ami de la jeune femme de venir à la barre. Devant les policiers, à l’époque, il avait ainsi justifié leur séparation en avril 2016 : « elle était dans les trucs djihadistes. Dans la cuisine, elle avait affiché le tableau des djihadistes. Si elle n’avait pas eu son fils, elle serait partie en Syrie ». Mais face à la cour, l’homme hésite, revient sur ses propos. Le président du Tribunal tente de le raisonner : « Selima Aboudi n’a pas été arrêtée à cause de vous, mais sur la base d’autres éléments. C’est important que la Cour connaisse la vérité ». Face au silence persistant du témoin, le juge souffle : « Bon, je renonce ». Selima Aboudi ne répondra pas plus aux questions des juges. « J’étais admirative des combattants djihadistes, c’est pour ça que j’ai commencé à parler avec eux dès 2011, que je leur ai envoyé de l’argent ». Selon elle, « l’affiche de l’EI, c’était juste de la même couleur que sa cuisine ». La Cour n’aura pas plus d’explication sur ses liens avec Abu Omar, un des surnoms utilisé par Inès Madani. Ni sur le message que celui-ci lui avait envoyé mijuillet 2016 pour lui annoncer l’imminence d’un « grand feu d’artifice pour venger les morts en Syrie et en Irak ». « Fin août, il vous annonce que tout est prêt, il vous propose de participer. Vous avez compris qu’il parlait d’un attentat à venir en France et vous n’avez rien fait ? Vous avez même effacé tous les messages quand Inès Madani est arrêtée, vous saviez ! », souligne le président du Tribunal.
Encore une fois, Selima Aboudi garde le silence, baisse la tête. Le procureur s’énerve à son tour : « Vous dites avoir honte d’être là, mais jamais honte de ce que vous n’avez pas fait ? »