Un Nobel pour Greta
Entre Greta Thunberg et Raoni, à qui donneriez-vous, demain, le prix Nobel de la paix ? Au vieil indien déplumé bataillant pour sauver sa forêt ? Ou à l’adolescente de ans, nouvelle égérie des défenseurs de la planète ? Plutôt Amazonie ou Europe du Nord, labret de bois sous la lèvre ou tresses hérissées sur la tête ? Plutôt la fougue ou la sérénité ? Le choix n’est pas obligatoire. Leurs colères, froides ou brûlantes, se ressemblent : ils pointent les mêmes dangers, les mêmes causes qui produisent les mêmes effets. L’an dernier, l’académie suédoise avait fait coup double, en distinguant le gynécologue congolais Denis Mukwege et la militante yezidie Nadia Murad, qui n’avaient d’autre point commun que de combattre la folie des hommes. Pourquoi ne pas récidiver, en nobélisant
le tandem Greta et Raoni ? Certes, ils
ont tous deux une
drôle de dégaine, ils ne respectent aucun code, sont plus des lanceurs d’alerte que des théoriciens de la bonne cause. Mais ils ont plus d’influence sur le cours des événements que les leaders d’opinion les mieux installés. Il y a un terrain sur lequel Greta a une longueur d’avance, et il est hostile : elle suscite plus de détestations. Pas assez structurée, faible sur le plan des idées, trop jeune, pas assez experte. Affublée de surnoms inamicaux au possible : « gourou apocalyptique », pionnière de « la dictature verte », « cyborg inexpressif ». Les flèches les plus acérées sont décochées par des Torquemada de salon, qui considèrent que l’anathème et l’imprécation sont leurs terrains de jeu exclusifs. Morveuse écervelée, elle est aussi moquée en « gentille fillette » par Vladimir Poutine. Son crime le plus grand : elle osez-vous n’a pas ? souri, ! » aux quand dirigeants elle a mondiaux lancé son furibard réunis pour « Comment un sommet sur le climat, accusés d’inaction. Pas sympa, Greta ! Mais ce n’est pas son manque de bienséance qui risque de la priver demain de la prestigieuse distinction. Il y a, et c’est inquiétant, de plus en plus de zones de conflit, de points de tension, où l’on s’affronte dans l’ombre et l’indifférence. Dans leur malheur, le Nobel est une bénédiction. Seul le prix imaginé par l’inventeur de la dynamite, peut secouer aussi fort la torpeur de l’opinion publique mondiale. Choix délicat ! Et pourtant, c’est l’année ou jamais pour rappeler la gravité du réchauffement climatique. La prise de conscience grandit, grâce aux rapports d’un GIEC qui a gagné en crédibilité… depuis qu’il a gagné le Nobel de la paix en . Alors ? Votez Greta !
« Pourquoi ne pas récidiver, en nobélisant le tandem Greta et Raoni ? »