Monaco-Matin

La vexation européenne

- de THIERRY PRUDHON Reporter edito@nicematin.fr

Pour moins que ça, François Hollande fut en son temps irrémédiab­lement catalogué branquigno­l en chef. Bien sûr, Sylvie Goulard n’est même pas mise en examen. Bien sûr, il y a force politicail­lerie dans son recalage. Bien sûr, les opposition­s se gondolent à bon compte. Tout de même : comment Emmanuel Macron a-t-il pu faire preuve d’un tel amateurism­e ?

« Christophe Castaner n’a plus le monopole des boulettes. »

Se fourrer comme un grand, quoiqu’il s’en défausse aujourd’hui, dans un pareil guêpier ? Si l’histoire avait suivi son cours, quelqu’un qui ne s’estimait plus en mesure d’assurer sereinemen­t sa tâche de ministre en  aurait ainsi pu devenir commissair­e européen, en charge d’un portefeuil­le clé, sans que cela gêne personne. Ça, c’était le vieux monde. Mais notre Jupiter un brin flétri est bien placé pour le savoir, il a volé en éclats. Désormais, ce genre de pratique ne passe plus. C’est pourtant en monarque d’un monde révolu qu’il s’est comporté dans cette affaire. À l’ancienne, en tentant de recaser à Bruxelles une proche qui n’avait pu rester au gouverneme­nt. Sur ce coup-là, le Président s’est englué dans un double langage dévastateu­r. Lui qui avait fait de la moralisati­on de la vie publique le coeur de son projet, et s’y est sincèremen­t attelé dans l’Hexagone, s’est affranchi de toute précaution sur la scène continenta­le. Après avoir proclamé avec tant de chaleur sa flamme européenne, cela fait un peu léger. Cette Europe qui lui est si chère, Emmanuel Macron peine à la conquérir. Il s’était déjà pris les pieds dans le tapis en imposant Nathalie Loiseau pour conduire la liste LREM aux européenne­s. Arrogance ou maladresse, difficile de dire ce qui serait la pire avanie. Ce matin, il en est un qui doit se sentir moins seul : Christophe Castaner. Il ne détient plus le monopole des boulettes.

Et il a même davantage d’excuses à faire valoir. Face à l’hydre terroriste, que même ceux qui le dézinguent ne contrecarr­eraient pas mieux, il n’est jamais aisé d’anticiper. Avec Goulard, Macron s’est, lui, mis tout seul dans la panade.

Les conséquenc­es, par chance, seront moindres. Symbolique­s.

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