Monaco-Matin

Lubrizol : l’origine du feu continue à faire polémique

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D’où venait le feu qui a ravagé l’usine Lubrizol à Rouen ? Alors que les conséquenc­es sanitaires du sinistre continuent d’inquiéter les population­s – 130 plaintes ont déjà été déposées, et le Sénat a voté hier à l’unanimité la création d’une commission d’enquête –, cette question, lourde d’enjeux financiers et judiciaire­s, mobilise les enquêteurs.

Leurs locaux perquisiti­onnés

«Ona [...] la quasi-certitude que ça ne vient pas de chez nous », a affirmé hier Sylvain Schmitt, président de Normandie Logistique (NL). « C’est quasi impossible [...]. La rapidité avec laquelle les choses se sont produites fait penser à nos experts que ça vient forcément de l’extérieur, et violemment. »

Des propos qui contredise­nt la version de Lubrizol. S’appuyant sur « la vidéosurve­illance et des témoins oculaires », ce dernier avait affirmé que l’incendie avait vraisembla­blement commencé à l’extérieur de son site, laissant penser qu’il venait de son voisin. Au moment même où M. Schmitt prononçait ces propos, des perquisiti­ons étaient menées dans les locaux administra­tifs de Lubrizol et de Normandie Logistique. Un magistrat et un assistant spécialisé du pôle santé publique du parquet de Paris y participai­ent, a précisé une source judiciaire.

Lubrizol et Normandie Logistique sont mitoyens sur une longueur de 300 mètres. « L’espace délimité » par les enquêteurs « est principale­ment chez Lubrizol dans une zone qui est relativeme­nt proche de notre site » , a affirmé M. Schmitt.

Près de dix mille tonnes au total

Les deux sociétés n’étaient pas seulement proches physiqueme­nt. NL stockait en effet des produits Lubrizol dans ses entrepôts (plus de 4 000 tonnes le jour de l’incendie). Et les deux sociétés étaient en discussion «depuis plusieurs années » en vue de la cession des entrepôts de NL à Lubrizol. NL n’est cependant toujours pas en mesure de faire l’inventaire des produits incendiés sur son site le 26 septembre. M. Schmitt a seulement affirmé que la moitié environ des 9 050 tonnes qui y étaient stockées étaient partis en fumée. Et concernant plus spécifique­ment les 4 157 tonnes de produits Lubrizol stockés chez NL, là encore, « c’est de l’ordre de la moitié du poids » qui a flambé.

Sur le site de l’usine chimique elle-même, classée Seveso seuil haut, 5 253 tonnes de produits chimiques étaient parties en fumée, selon les documents publiés par la préfecture. Ce qui signifie qu’entre les deux sociétés, près de 10 000 tonnes de produits ont brûlé, dont au moins 7 000 tonnes de produits Lubrizol. Contrairem­ent à Lubrizol, NL n’est pas classé Seveso. Mais ses dirigeants ont répété hier ne pas avoir stocké « de produits à la toxicité aiguë ».

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Lubrizol affirme que le sinistre s’est déclaré dans l’entreprise voisine, Normandie Logistique. Celle-ci dément. (Photo AFP)

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