Perpétuité requise au procès d’une vendetta marseillaise
« Rien ne justifie de faire justice soi-même » : malgré des éléments matériels « très minimes », l’avocat général a requis de lourdes peines hier au procès du meurtre de Zakary Remadnia, énième épisode d’une supposée guerre de clans sur fond de trafic de drogue à Marseille. Regrettant « un dossier largement incomplet », « sans ADN, sans image de vidéosurveillance, sans témoignage visuel », l’avocat général Christophe Raffin a pourtant requis la réclusion criminelle à perpétuité, et au minimum 30 ans de réclusion avec période de sûreté, contre les trois principaux accusés, Eddy Tir, Hichem Tir et Sofiane Agueni.
Haine entre deux familles
Eddy Tir, 28 ans, alias « Brabus » ou « Barabas », serait le « donneur d’ordre » du meurtre de Zakary Remadnia, alias « L’Étudiant », depuis la cellule de Luynes, près d’Aix-en-Provence, où il était alors incarcéré. C’est lui qui aurait envoyé à Agueni «un plan comme un architecte, [...] qui il faut tuer », selon une conversation interceptée par les enquêteurs.
Pour la brigade criminelle de Marseille, la mort de « L’Étudiant », criblé de 23 balles le 18 juillet 2014 dans le 14e arrondissement de Marseille, était le nouvel épisode d’une haine familiale entre les Berrebouh et les Tir d’un côté, les Remadnia de l’autre. Des cousins en lutte pour contrôler le trafic de drogue dans des cités des quartiers Nord. Et ce meurtre aurait été la réponse à ceux de Mehdi Berrebouh trois mois plus tôt, à Marseille, et de Karim Tir, alors manageur du rappeur Jul, un mois avant, en banlieue parisienne. Perpétuité requise donc contre Eddy Tir, définitivement condamné à 20 ans de prison en mars pour le meurtre d’un camarade de cité de 17 ans. Perpétuité requise aussi contre son oncle, Hichem Tir, 34 ans, alias «LeParisien », actuellement détenu pour trafic de stupéfiants, le supposé organisateur de ce meurtre, et contre Sofiane Agueni, «Banane» , 32 ans, accusé d’être l’un des deux tueurs cagoulés. Le verdict est attendu aujourd’hui.