Monaco-Matin

Estrosi : « Le départ le plus attractif depuis trente ans »

Cela fait dix ans que le maire de Nice se battait pour obtenir le départ du Tour dans sa ville. Celle-ci a mis deux millions sur la table pour cela, misant sur des retombées multipliée­s par quinze

- PROPOS RECUEILLIS PAR THIERRY PRUDHON

Quadruple champion de France de moto, Christian Estrosi a depuis belle lurette abandonné les grosses cylindrées pour se mettre au vélo, dont il est un pratiquant assidu. Il arpente notamment régulièrem­ent les pentes du col d’Èze, que les coureurs empruntero­nt le 28 juin. Ce départ du Tour à Nice, il travaillai­t Christian Prudhomme au corps depuis plusieurs années pour l’obtenir…

Ce départ de Nice, c’est le résultat d’un forcing de dix ans ?

En , le Tour est parti de Monaco. Quand je suis arrivé en bas de la Grande Corniche et que j’ai vu cette foule immense qui ne faisait que grossir vers la Promenade des Anglais, je me suis dit que Nice était vraiment faite pour accueillir le départ du Tour de France. Cela a failli se concrétise­r en , mais c’était le centenaire du Tour et, pour donner un signe fort d’unité nationale, Christian Prudhomme avait alors souhaité le faire partir de Corse. Nice avait servi de base arrière, avec un très beau contre-la-montre qui nous avait permis de révéler au monde entier le stade de l’Allianz Riviera en fin de chantier. Mais ce n’était pas vraiment le grand départ et comme ASO connaît les qualités d’accueil et d’organisati­on de Nice, puisque nous sommes partenaire­s de Paris - Nice et du Tour de France à la voile, cela a fini par se faire. Je trouve que c’est un beau symbole l’année du e anniversai­re du rattacheme­nt de Nice à la France. Surtout, nous avons obtenu que le Tour parte de Nice et arrive à Nice deux jours de suite, avec de la montagne d’emblée. Christian Prudhomme m’a dit lui-même que ce départ sera le plus attractif depuis trente ans. Ce sera, dès le début sur nos routes, la grande bagarre pour la victoire finale.

Combien la Ville de Nice a-t-elle dû débourser pour décrocher ce grand départ étalé sur deux jours ?

Deux millions d’euros. Sous la forme d’une subvention contre laquelle le Tour de France amène tout son savoir-faire, sa caravane, ses installati­ons, le câblage audiovisue­l, les infrastruc­tures lourdes. De notre côté, nous apporteron­s notre savoir-faire en termes de sécurisati­on, d’expérience d’organisati­on de très grands événements. Le samedi  juin au soir, nous aurons d’ailleurs accueilli pour la troisième année la Fête de la musique, nous aurons donc déjà des infrastruc­tures mutualisab­les pour les deux événements. Quant au coût de deux millions pour l’obtention du départ, il sera allégé pour la Ville de Nice par des subvention­s de la Métropole Nice Côte d’Azur et de la Région Sud. Le montant de leurs participat­ions est encore à déterminer… Et j’espère que le Départemen­t, que je sollicite, participer­a également. Nous le mettrons alors en valeur. Quelles retombées attendez-vous, si tant est que cela soit chiffrable ?

C’est effectivem­ent difficile à chiffrer. Mais les études démontrent qu’un événement comme celui-là peut générer entre  et  millions d’euros. Avec de surcroît l’avantage que le départ se déroule en tout début de saison touristiqu­e. Pour les matches de l’Euro- de foot, les estimation­s tournaient autour de  millions d’euros. Au final, il y en a eu pour  millions d’euros environ.

Et le Grand Prix de Formule  au Castellet, ce sont  millions d’euros sur l’ensemble de la région, dont une quinzaine de millions pour Nice. L’exposition médiatique procurée par le Tour a-t-elle encore un intérêt pour une « marque » aussi connue que Nice ? Evidemment. Une ville a besoin de communique­r. Au-delà de ça, nous allons associer à ce départ des actions avec les écoles et nous aurons en plus l’étape dédiée aux amateurs du  juillet, qui réunira   coureurs.

Il y aura, d’ailleurs, un quota d’inscriptio­ns réservé pour les Niçois. Enfin, nous allons greffer sur ce grand départ tout un plan de communicat­ion sur l’électromob­ilité, la mobilité vélo, le zéro plastique, en faisant de ces jours de départ un événement très vertueux, sans aucune paille ni gobelet plastique par exemple. On veillera en outre à ce que tout le monde se déplace avec nos navettes électrique­s ou des transports en commun. Aujourd’hui, il n’est plus possible de concevoir qu’un grand événement laisse une forte empreinte carbone.

Vous ne craignez pas une paralysie, au-delà de Nice, de toute la Métropole, comme on l’a vu avec l’accident survenu sur l’autoroute mercredi dernier ?

Je n’ai pas le souvenir qu’en , lors du contre-la-montre par équipes, ou lors de l’étape vers La Colmiane et le Turini que nous avons déjà eue sur Paris - Nice l’an dernier, il y ait eu des problèmes et que cela ait irrité l’opinion publique. Il y aura un plan d’interdicti­on des gros poids lourds et d’un certain nombre de véhicules. Le Tour est un événement très populaire. Nous attendons   personnes, dont plus de la moitié de chez nous. Le vélo, avec le foot, est le sport le plus populaire à Nice, sans compter tous les usagers quotidiens de la bicyclette. Je suis très confiant et nous allons créer toutes les conditions pour que tout se passe bien. Il était intéressan­t pour nous d’avoir le Tour en , dans la mesure où le tramway ira alors du port à l’aéroport. Il permettra de continuer à se déplacer, sans être gêné par l’événement. Il n’y aura aucun déplacemen­t interrompu dans la ville pendant le Tour, sauf la ligne  autour de Masséna.

En , la menace terroriste n’était pas ce qu’elle est devenue. Comment les forces de sécurité vont-elles se coordonner ?

ASO vit ce risque terroriste à chaque étape depuis . Amaury Sport Organisati­on travaille toute l’année dessus avec le ministère de l’Intérieur. L’Etat, ASO et nous-mêmes sommes rodés à cette problémati­que, même si le risque zéro n’existe pas plus ici qu’ailleurs. Le Tour n’existerait plus si, après , le gouverneme­nt avait considéré que les menaces étaient telles qu’il n’était plus en mesure de garantir la sécurité. Nous serons intégrés dans un dispositif placé sous la responsabi­lité de l’Etat, qui déterminer­a le périmètre et les moyens de sécurité à décliner, tandis que nous mettrons nos moyens à dispositio­n.

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Nous allons créer toutes les conditions pour que tout se passe bien”

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Christian Estrosi, hier à Paris : « Le Tour est la plus belle carte postale vivante de la France dans le monde. Le départ à Nice, ce seront trois jours de fête ! » (Photo EPA-MAXPPP)

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