Poursuivi par l’ex-préfet des Alpes-Maritimes, Cédric Herrou est à nouveau relaxé
Une fois de plus, le bras de fer judiciaire a viré à l’avantage de Cédric Herrou. L’agriculteur militant de Breil-sur-Roya, devenu une figure emblématique de l’aide aux migrants, avait été renvoyé devant la justice par le préfet Georges-François Leclerc. La cour d’appel d’Aix-en-Provence l’a relaxé, hier, à l’instar du tribunal correctionnel de Nice.
« Vive la justice indépendante ! » Ce fut le cri du coeur de Cédric Herrou, vaguement incrédule, après sa relaxe prononcée le 14 février dernier. Le procès en deuxième instance a produit les mêmes effets. Pourtant, cette fois encore, le ministère public avait requis sa condamnation. Avec 1000 euros d’amende. L’avocat général concédait que le militant avait agi au nom d’une cause, mais estimait qu’il avait dépassé les bornes.
C’est par un post Facebook, en juin 2017, que Cédric Herrou avait déclenché l’ire du préfet. 92 migrants étaient bloqués à Breilsur-Roya, les autorités refusant de les acheminer à Nice. D’où cette suggestion provocatrice : « Peut-être que le préfet des Alpes-Maritimes pourrait s’inspirer des accords avec la SNCF pendant la Seconde Guerre pour transport des juifs pour gérer le transport des demandeurs d’asile… bref. » Le préfet Leclerc dénonçait une atteinte à son honneur. Et plus encore, aux policiers.
« Tourner la page »
Pour son avocat, Me David Rebibou, «la phrase en elle-même a été considérée comme injurieuse à l’égard du préfet Leclerc. Mais le tribunal a considéré qu’il n’y avait pas eu de volonté d’insulter de la part de Cédric Herrou. » La cour d’appel a suivi cette conclusion. « Un soulagement » pour Me Zia Oloumi, qui assurait la défense de Cédric Herrou avec Me Sabrina Goldman. « Il faut qu’on en finisse avec cette affaire. M. Leclerc en a fait plus que ce qu’elle ne méritait. C’était une provocation, une boutade ; lui l’avait pris comme un outrage, une insulte. La justice a pris le temps d’écouter. Par deux fois, elle a dit qu’il n’y avait pas d’injure. Cédric Herrou était un lanceur d’alerte : il veut juste que l’action de l’Etat soit irréprochable. »
Le préfet Leclerc, nommé en Seine-SaintDenis depuis, a encore quelques jours pour se pourvoir en cassation. D’après Me Rebibou, « il était plutôt surpris que l’on puisse, en France, injurier en toute impunité ». Pour autant, son conseil « pense que le préfet en restera là. Il m’a indiqué qu’il voulait tourner la page. »