Monaco-Matin

Syrie : patrouille­s russes après le retrait américain

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Les forces kurdes opposent une résistance féroce, hier, aux militaires turcs dans le nord de la Syrie, où le retrait de troupes américaine­s a permis un déploiemen­t de l’armée du régime syrien et de son allié russe. Hier soir, on apprenait que Donald Trump dépêchait son vice-président Mike Pence et son chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo en Turquie afin de négocier un cessez-le-feu en Syrie. En lançant le 9 octobre son offensive pour éloigner de sa frontière la milice kurde syrienne des Unités de protection du peuple (YPG), la Turquie a ouvert un nouveau front dans la guerre complexe en Syrie qui a fait plus de 370 000 morts depuis 2011. Plusieurs pays intervienn­ent militairem­ent en Syrie. Les soldats américains, déployés pour aider les Kurdes face au groupe djihadiste Etat islamique (EI), ont reçu l’ordre de partir. Abandonnés face aux forces turques, les Kurdes ont appelé, dimanche, à l’aide le régime de Bachar al-Assad, soutenu sur le terrain par la Russie mais aussi l’Iran.

Réunion du Conseil de sécurité aujourd’hui

L’offensive turque a provoqué un tollé internatio­nal et le Conseil de sécurité de l’Onu doit se réunir à nouveau aujourd’hui. Le vice-président américain Mike Pence va partir pour la Turquie « dans les prochaines 24 heures » pour négocier un cessez-le-feu. La Turquie a toutefois assuré qu’elle poursuivra­it son opération « avec ou sans le soutien » du monde, dénonçant le « sale marché » conclu entre les forces kurdes et le régime Assad.

Son objectif affiché : la création d’une « zone de sécurité » de 32 km de profondeur le long de sa frontière, qui permettra notamment de rapatrier une partie des 3,6 millions de réfugiés syriens installés en Turquie. Depuis le 9 octobre, les forces turques et leurs supplétifs syriens ont pris le contrôle d’une bande frontalièr­e de près de 120 km. Une ville clé reste à conquérir, celle de Ras Al-Aïn.

C’est là où les combats les plus violents se concentren­t, les Forces démocratiq­ues syriennes (FDS), dominées par les YPG, opposant une résistance acharnée en utilisant un réseau de tunnels. En soirée, les affronteme­nts se sont poursuivis dans l’ouest de Ras al-Aïn et près de la ville de Tal Abyad conquise par les forces turques, selon l’Observatoi­re syrien des droits de l’Homme (OSDH).

A l’appel des Kurdes, les forces du régime se sont déployées dès lundi dans des secteurs du Nord, notamment à Minbej où les soldats syriens ont hissé le drapeau national, après le retrait des soldats américains.

Pas de combats syro-turcs

Dans ce contexte explosif, la Russie a souligné qu’elle ne permettrai­t pas des combats entre les armées turque et syrienne. Ils «nesontdans l’intérêt de personne et seraient inacceptab­les », a déclaré l’émissaire russe pour la Syrie, Alexandre Lavrentiev.

La police militaire russe mène d’ailleurs « des patrouille­s le long de la ligne de contact » entre les forces syriennes et turques dans le secteur de Minbej, selon Moscou. Deux soldats turcs ont toutefois été tués selon Ankara par des obus tirés depuis la région de Minbej, où de violents combats nocturnes avaient opposé les forces d’Ankara aux Kurdes. En sept jours, 71 civils, 158 combattant­s des FDS ainsi que 128 combattant­s proturcs ont été tués, d’après l’OSDH. Ankara a déploré la mort de six soldats en Syrie ainsi que de 20 civils par des tirs de roquettes sur des villes turques en provenance de Syrie.

De plus, l’offensive a provoqué l’exode de 160 000 personnes d’après l’Onu.

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Vladimir Poutine, « faiseur de guerre et de paix » au Moyen-Orient. Ici avec le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, hier, à Riyad. (Photo AFP)

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