Le chèque de
Miracle ? Un chèque d’un montant initial de , € peut-il, au moment de son encaissement, faire mention d’une somme revalorisée à ., € ? Ne percevez nullement dans ce fait extraordinaire la moindre intervention divine bienveillante. La falsification des chiffres et le changement de nom du destinataire bancaire, s’il était difficile d’en démasquer l’auteur véritable, n’ont trompé personne : ni la police ni la justice. Le fardage aura toutefois coûté assez cher à ce Camerounais de ans : un mois de prison ferme pour recels de chèque falsifié et de vol. L’affaire a été évoquée devant le tribunal correctionnel en l’absence du prévenu. Le stratagème apparaît le avril dernier, quand la gérante d’une société de cosmétique porte plainte. Elle a réglé un fournisseur avec le chèque du montant annoncé. En revanche, son compte est débité d’une somme bien supérieure. Son ordre de paiement a probablement atterri entre des mains mal intentionnées, pense-t-elle logiquement. Après une rapide enquête, l’inscription du bénéficiaire sur le chèque conduit les policiers sur le compte du prévenu. Il était alors facile de faire le rapprochement.
Version peu crédible
Convoqué à la Sûreté publique pour s’expliquer sur la manière frauduleuse utilisée pour renflouer son compte bancaire, cet agent d’entretien dans un établissement de restauration rapide conte une histoire farfelue. À l’audience, le président Jérôme Fougeras-Lavergnolle (*) cite quelques passages du PV dressé par les inspecteurs : « J’ai eu un souci d’argent, avoue cet homme au cours de son audition. J’ai alors contacté un ami qui a promis de m’aider. Il m’a demandé mon RIB afin d’avoir les éléments pour effectuer un dépôt ou virement. Plus tard, ma banque m’a téléphoné en m’informant que le chèque remis était volé… » Même si le prévenu n’a jamais été condamné, face aux juges, la version n’est pas crédible.
Quant à formuler l’évidence du prévenu ayant lui-même rajouté son nom pour l’encaissement, le doute subsistera. Le magistrat précise in fine que l’établissement bancaire a remboursé la somme perçue après avoir eu connaissance de l’infraction.
Un tel cas de figure est rencontré pour la première fois d’après la procureure Alexia Brianti. « Ce sont deux délits avec un chèque volé et falsifié. Ce personnage a l’explication facile quand c’est un ami, dont on ne connaît que le prénom, qui se propose de rendre service avec un montant aussi important. Cette générosité découle de faits fantaisistes. Il faut sanctionner pareille infraction désagréable pour la victime. Une peine de deux mois ferme s’impose. »
Le tribunal, après en avoir délibéré, a condamné le prévenu à un mois de prison ferme. * Assesseurs : Adrien Candau et Séverine Lasch.