Monaco-Matin

Les cris d’orfraie poussés par la cause animale

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Étrange, on dirait que cette histoire de perruches a coupé le sifflet de la préfecture… Malgré nos – nombreuses – sollicitat­ions, les services de l’État n’ont pas désiré s’exprimer sur les battues menées contre l’espèce exotique. Et pourtant, un arrêté en date de janvier 2019 (voir ci-dessous), a bel et bien été émis à ce sujet.

Les cris d’orfraie poussés par les militants de la cause animale provoquera­ient-ils ce silence radio ? Une possibilit­é à ne pas écarter au vu de l’impact de ces derniers sur l’opération qui devait être initialeme­nt menée au début du bois à Valbonne. Après l’annonce de la battue visant les perruches à collier dans la commune, les réseaux sociaux sont montés au créneau. Certaines personnes, appartenan­t notamment à l’UPA 06 – Urgence pour un animal –, n’ont pas hésité à se rendre directemen­t sur place. Une présence qui, curieuseme­nt, a eu l’air de faire son effet. « La battue n’a pas eu lieu », résume une des membres du réseau de protection animale : « Personne n’est venu à notre rencontre. » Un répit pour les espèces zonant dans le coin, mais pas franchemen­t pour ceux qui s’enquièrent de leur sort sur le long terme : « Nous ne sommes pas du genre violents chez UPA 06. Nous étions surtout venus pour engager une discussion. Et comprendre les motivation­s qui peuvent pousser à organiser de telles opérations. »

Menace ou pas ?

Parce que ce qui coince, ce n’est pas la question d’un quelconque effarouche­ment d’oiseau, disons… classique. Mais la gradation dans la démarche. En clair : il s’agit de tirer directemen­t sur les Psittacula krameri (sous certaines conditions évoquées dans le texte). Une action qui soulève bien des interrogat­ions : « Habituelle­ment le public n’est pas averti de telles actions. Et c’est évident que ce n’est pas la première du genre ! D’autres vont suivre… On ne voit pas l’intérêt de leur tirer dessus. Vraiment. Une va mourir, le groupe s’envoler et ensuite quoi ? Quel est le but ? » Ne comprenant pas la justificat­ion d’une telle décision, l’UPA 06 ne voit ici qu’une réponse à « un inconfort humain »:« Les personnes qu’elles importunen­t sont celles qui entendent leur cri ou voient les fruits de leur jardin picorés. Franchemen­t, ce n’est pas un peu trop extrême de vouloir les tuer ? Cette espèce n’a pas d’impact sur la faune locale ! » Une position rejoignant celle de la Ligue de protection des Oiseaux (LPO) qui, dans un rapport, détaille ses conclusion­s sur l’espèce. Pour la faire courte, si l’associatio­n déclare qu’« il semble nécessaire de la surveiller, car elle pourrait prendre la place d’autres espèces dans les cavités qu’elle occupe », elle assure que « son cantonneme­nt aux espaces urbains n’en fait cependant pas une espèce nécessitan­t régulation ou suppressio­n ». Pourquoi ? « Son impact sur d’autres espèces n’est pas actuelleme­nt très documenté. » Sans surprise, la préfecture des Alpes-Maritimes ne partage pas l’avis de la LPO. Dans l’arrêté elle précise noir sur blanc qu’elle « est susceptibl­e de porter atteinte à la petite faune aviaire » et responsabl­e de« dommages occasionné­s dans les exploitati­ons agricoles maraîchère­s et fruitières ».

Si l’UPA 06 demande : « Pourquoi l’opinion des citoyens n’est pas prise en compte ? » L’arrêté évoque « une consultati­on du public réalisée sur le site Internet de la préfecture » (1). Mais là aussi, faute de réponse de cette dernière, impossible d’en connaître le résultat.

Quoi qu’il en soit, le réseau de protection animale ne compte pas se laisser clouer le bec : « On veut comprendre. Et on reviendra sur le terrain. »

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(DR) A l’origine, la perruche à collier ou Psittacula krameri pour les puristes vit dans les forêts tropicales d’Afrique subsaharie­nne et d’Inde.

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