Monaco-Matin

Affaire Veyrac : quinze

EXCLUSIF Trois ans après le kidnapping d’une millionnai­re septuagéna­ire à Nice, l’enquête est bouclée. Le dossier pourrait être jugé au printemps 2020. Procès hors normes, à l’image de ce rapt rocamboles­que. Récit et révélation­s

- Enquête : Christophe CIRONE ccirone@nicematin.fr

Accusation­s et contre-accusation­s. Amitiés et trahisons. Bande organisée et improvisat­ion.

Ainsi va l’affaire Veyrac. Fait divers rocamboles­que, galerie de portraits digne d’un roman, ce dossier qui avait défrayé la chronique à l’automne 2016 arrive à la case justice. Trois ans après, l’enquête sur le rapt de Jacqueline Veyrac – et sur un précédent avorté, fin 2013 – est bouclée. Quinze accusés, âgés de 21 à 67 ans, sont renvoyés devant la cour d’assises des Alpes-Maritimes. Ce procèsfleu­ve, prévu sur quatre semaines, pourrait se tenir à la fin du printemps 2020, à Nice. À deux kilomètres du lieu du kidnapping. Lundi 24 octobre 2016, 12 h 15. Scène improbable en plein centre de Nice. Une septuagéna­ire est surprise par des ravisseurs au pied de son immeuble, devant son garage, dans une discrète artère du quartier des Musiciens. Elle est extirpée de son 4x4 noir et embarquée de force à bord d’un Kangoo blanc. L’utilitaire parvient à se fondre dans le dédale urbain. Alerte générale sur les ondes.

 heures chrono

Cette femme est Jacqueline Veyrac, 76 ans. La propriétai­re du Grand Hôtel cannois, un palace historique de la Croisette, mais aussi du restaurant La Réserve à Nice. Cette femme d’affaires, millionnai­re, brille tant pour sa réussite en affaires que par sa discrétion. La voilà pourtant devenue cible d’un projet criminel. « Vous avez un problème, vous allez devoir payer », expose le mystérieux interlocut­eur qui appelle sa famille.

La police judiciaire de Nice est en ébullition. La vie d’une otage est en jeu. Vie d’autant plus fragile vu son âge. Cette course contre la montre va durer 48 heures chrono. 26 octobre 2016, 12 h 30. Jacqueline Veyrac est retrouvée saine et sauve sur les collines ouest de Nice. Un riverain vigilant a repéré le Kangoo blanc, intrigué par sa fausse plaque d’immatricul­ation à demi détachée. De leur côté, les limiers de la crim’ tiennent déjà les chefs présumés. Des balises GPS, découverte­s sous le 4x4 de la victime, les ont mis sur la voie. Surveillan­ces téléphoniq­ues, filatures et flair policier ont fait le reste. La PJ surprend un trio en plein débriefing au port de Nice. Attelage improbable.

La plupart nient en bloc

Il y a là un Italien fort en gueule, ex-restaurate­ur à succès en déconfitur­e financière. Un ancien membre des Forces spéciales britanniqu­es devenu SDF. Et un paparazzi niçois passé détective privé.

Les coups de filet s’étirent jusqu’en décembre 2017. Commandita­ires, ravisseurs, logisticie­ns... La brigade criminelle pense tenir toute la bande. La plupart nient tout. Mais leurs avocats auront fort à faire. D’autant que deux affaires (2013 et 2016) seront, au final, jugées ensemble. Un seizième mis en cause est attendu au tribunal pour enfants. Un autre a bénéficié d’un non-lieu. Cinq accusés dorment encore en prison. Dont Giuseppe Serena, le cerveau présumé. Déjà défendu par Mes Eric Dupond-Moretti, Gérard Baudoux et Philippe Armani, il a sollicité mardi, sans succès, une mise en liberté via Me Corentin Delobel. L’avocat a invoqué l’état de santé dégradé de Serena. Mais pas seulement : « Aucun élément objectif ne permet d’établir qu’il est l’instigateu­r. Ce ne sont que des extrapolat­ions ! »

 ??  ?? Mercredi  octobre .  heures après sa disparitio­n, Jacqueline Veyrac est libérée du Renault Kangoo à l’arrière duquel elle était ligotée, chemin du Saquier, sur les collines de l’ouest niçois. Des témoins ont brisé la vitre et forcé la portière. La police peut procéder aux constatati­ons. (Photo archives Frantz Bouton)
Mercredi  octobre .  heures après sa disparitio­n, Jacqueline Veyrac est libérée du Renault Kangoo à l’arrière duquel elle était ligotée, chemin du Saquier, sur les collines de l’ouest niçois. Des témoins ont brisé la vitre et forcé la portière. La police peut procéder aux constatati­ons. (Photo archives Frantz Bouton)

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