Monaco-Matin

« On était chargé de vous enlever »

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Trois ans plus tard, Jacqueline Veyrac n’est pas sortie de son silence. La discrète femme d’affaires, désormais conseillée par Me Luc Febbraro, s’est tenue loin des projecteur­s braqués sur l’affaire qui porte son nom.

On savait qu’elle avait vécu un calvaire, quarante-huit heures durant, séquestrée à l’arrière d’une fourgonnet­te. On en sait plus sur ce qu’elle a enduré, à la lueur de l’ordonnance de mise en accusation que Nice-Matin a consulté.

« Elle avait été enlevée par deux ravisseurs. Le plus grand l’avait ceinturée, pendant que le plus petit, de tempéramen­t plus nerveux et troublant, lui attrapait les pieds tout en la menaçant de la tuer si elle ne se taisait pas, rapportent les juges. Elle était ensuite poussée sans ménagement à l’arrière du Kangoo. » Voilà la millionnai­re « ligotée, baillonnée et aveuglée ». Ses trois ravisseurs lui refusent même un seau pour ses besoins naturels. Mais la septuagéna­ire ne reste pas docile. Elle l’avait prouvé, le 9 décembre 2013, lors de la tentative de rapt. Elle était parvenue à s’extraire du fourgon avant d’être enlevée. Cette fois-ci encore, Jacqueline Veyrac tente de donner l’alerte. Elle frappe sur les portes, hurle au secours, parvient même à se défaire de ses liens. Par mesure de rétorsion, les kidnappeur­s intensifie­nt la pression des Serre-flex qui lui entaillent la peau.

« Blessée aux poignets et aux chevilles par les liens en plastique, ligotée dans une position ankylosant­e, elle passait une nouvelle nuit entière à l’arrière de l’utilitaire », écrivent les juges instructeu­rs. « On était chargé de vous enlever, c’est notre travail », se justifient les gros bras de l’opération, dans une esquisse d’excuse navrante.

À nouveau, Jacqueline Veyrac parvient à se libérer. Mais pas à tromper leur vigilance. Jusqu’à ce que 26 octobre midi, quand un témoin providenti­el découvre l’otage derrière une vitre. Le conducteur, Ali Gueffaz, Algérien de 33 ans, niera avoir eu connaissan­ce du projet de rapt. « Il n’est pas bavard, il a peur des représaill­es », selon son conseil Me Adam Krid. Un autre ravisseur présumé, Bassem Ben Fekih, Tunisien de 37 ans, « conteste les faits. Tous les éléments à charge peuvent être interprété­s à décharge », estime Me Marie Seguin. Même position pour le troisième, Wajdi Ben Hamroun, Tunisien de 31 ans. «Il réfute toute implicatio­n dans ce dossier, indique Me Richard-Dixon Pyné. Toutes les charges à son encontre restent discutable­s une à une ».

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(Photo archives Gilles Traverso) Jacqueline Veyrac a vécu deux jours de calvaire à l’arrière du Kangoo.

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