Monaco-Matin

«  millions ? On a jugé qu’on payait le juste prix »

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Comment jugez-vous vos premiers pas ?

Ce n’est que le début. Ça a été une négociatio­n compliquée qui a impacté le mercato. On n’a pas eu autant de temps qu’on aurait aimé, mais c’est la vie. Sur cette courte période, nous sommes déjà très contents. Vous ne pouvez pas en faire tant que ça en trois mois. C’est un bon début, mais ce n’est que le début.

Pourquoi l’OGC Nice ?

On a évalué pas mal de clubs, en Premier League et d’autres championna­ts européens. Mon frère (Bob, ndlr) l’a déjà beaucoup évoqué. Nice a une grande histoire, de formidable­s supporters. C’est un endroit idéal pour attirer des joueurs et notamment des jeunes. Si vous prenez certains clubs en Grande-Bretagne et notamment dans le nord, c’est plus difficile qu’à Londres, à cause du temps notamment mais aussi parce qu’ils sont moins ouverts à l’idée de faire jouer des jeunes. Nice, c’est l’endroit parfait pour attirer des jeunes, ce qui va être la base de notre philosophi­e. Il y a le nouveau stade, le centre d’entraîneme­nt est fantastiqu­e. La Ligue  est de grande qualité. Elle a produit parmi les meilleurs joueurs du monde. Vous avez gagné plus de Coupes du monde que nous (sourire) . En France, on a jugé qu’on payait le juste prix pour un club (autour de  millions d’euros, ndlr). Il y a aussi l’opportunit­é de jouer la Ligue des champions. En Angleterre, vous avez six clubs pour quatre places. En France c’est plus ouvert. Géographiq­uement, c’est une région qui nous intéresse. On possède une équipe cycliste et beaucoup de coureurs sont basés ici. Et puis, nous-mêmes, nous passons du temps ici. Du coup, c’est plus facile pour aller voir les matchs. Nice cochait pas mal de cases.

Votre premier choix c’était une équipe anglaise ?

Nous n’avions pas de « premier choix ».

Vous vous êtes intéressé à Chelsea ?

Oui, c’est vrai. Or, la façon dont nous faisons des affaires ce n’est pas « On doit prendre cette entreprise ». On regarde ce qui est disponible, on analyse, on trace la feuille de route. Il faut toujours que ça ait du sens. Dans la vie, si vous achetez une maison et que vous vous dites « Je dois absolument avoir cette maison », vous allez probableme­nt la payer trop cher et être déçu. Mais si vous regardez les maisons qui sont disponible­s dans une zone et que vous en choisissez deux ou trois qui vous plaisent, vous allez faire un choix cohérent et ne pas la payer plus qu’elle n’en vaut.

Le choix de Nice, vous le faites seul ?

C’est le choix d’INEOS. On ne prend pas d’avis extérieur. J’ai deux associés (Andy et John). On prend toujours les décisions ensemble depuis  ans. Et Bob a aussi été très impliqué dans le football. Donc ça a été une décision à quatre et j’en suis ravi.

Quand avez-vous rencontré Jean-Pierre Rivère et Julien Fournier pour la première fois ?

C’était à Monaco, au début de l’année. Ils sont venus ici (dans les locaux d’INEOS à Monaco), discrèteme­nt, parce qu’il y avait beaucoup de paires d’yeux qui les scrutaient (rires). On a bien discuté sur le foot, sur Nice. Ce sont des gens impression­nants.

Connaissie­z-vous l’OGC Nice ?

Seulement de réputation. C’est comme en Grande-Bretagne. Vous avez  équipes en championna­t et tout le monde connaît les sept premières. C’est pareil en France. Marseille, Lille, Bordeaux… Nice. Le PSG au milieu de tout ça.

Vous avez décidé d’acheter le club juste après cette réunion ?

Ce n’est jamais après une seule rencontre que vous achetez. On rencontrai­t d’autres gens en même temps, on discutait d’autres opportunit­és. Vous savez, il y a beaucoup de clubs à vendre dans le monde (sourire). Mais Nice c’était la meilleure option selon nos critères et nos ambitions dans le foot. Et le prix était juste.

Cela fait toutefois beaucoup d’argent pour un club français...

Oui, en France ça l’est, mais en GrandeBret­agne c’est plutôt modeste. Mais sans que ce soit justifié car la qualité du foot en France est aussi bonne que celle en GrandeBret­agne.

Et quelles sont vos relations actuelles avec Rivère et Fournier ?

Je les ai rencontrés quelques fois. On discute de ce qu’on veut faire avec le club, des transferts. Mais c’est Bob qui est au coeur de ces discussion­s, plus que moi. Julien (Fournier) est génial, il connaît le foot. Il y a passé sa vie. Il a une expérience immense.

Et vous regardez les matches ?

Oui, quelques-uns. J’ai une vie bien chargée (rire). Le record du marathon, la Coupe de l’America, quelques courses cyclistes et quelques affaires dans la pétrochimi­e, vous savez (rire). Mais Bob n’a pas loupé un match.

Avez-vous songé à arrêter les négociatio­ns avec les Chinois ?

Vous savez les négociatio­ns, ce sont toutes les mêmes. Que vous achetiez une entreprise de pétrochimi­e ou autre chose. Vous avez des phases plus ou moins difficiles. C’est un peu comme le Brexit. Imaginez un terrain de foot. J’ai eu cette conversati­on avec Theresa May. Dans une négociatio­n, vous avez une équipe qui démarre de sa surface de réparation, et l’autre dans la sienne. Et après une série de discussion­s, vous finissez tous dans le rond central et alors, normalemen­t, vous terminez la transactio­n. Theresa May a fait l’inverse avec le Brexit. « L’équipe européenne » a démarré de sa surface et Theresa May a démarré dans le rond central, parce qu’elle a fait trop de concession­s et là, c’est impossible. Vous ne pouvez pas les amener dans le rond central parce que les gars demandent toujours plus, et encore plus… C’est le contraire de ce qu’a fait Boris Johnson. Lui, il a commencé de notre surface de réparation. Et il n’ira pas dans le rond central avant que les autres y aillent. C’était la même chose avec les Chinois.

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