Monaco-Matin

« Maximiser les jours inoubliabl­es »

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Vous dépensez beaucoup d’argent dans le sport. Pourquoi ?

Parce que ça fait  ans que je travaille (rires) et que je me suis dit que j’allais un peu profiter. Plus sérieuseme­nt, INEOS n’a que  ans. On fait  à  milliards de dollars par an de chiffre d’affaires. Cela fait beaucoup d’argent. On en réserve un petit peu pour le sport. D’abord parce qu’on peut le faire. Ce sont de beaux défis. On ne possède pas beaucoup de produits avec notre marque. Et puis, c’est une entreprise privée, donc on peut faire ce que l’on veut avec notre argent.

Est-ce que c’est pour améliorer l’image d’INEOS ou par passion ?

C’est juste une passion. Bien sûr, ça aura des effets bénéfiques sur la marque. C’est comme avec la voiture qu’on veut produire, le nouveau Defender (Range Rover). C’est un milliard d’euros d’investisse­ment. Certains disent que c’est courageux de la part d’une entreprise de pétrochimi­e, mais nous on pense que ça va être un super produit. Les gens doivent reconnaîtr­e INEOS. Avant de faire un chèque de   euros, vous devez connaître la marque.

Ce n’est pas du « greenwashi­ng » (procédé qui vise à se donner une image de responsabi­lité écologique trompeuse) ?

Toute cette merde ne m’intéresse pas. C’est ridicule. On est une entreprise privée. En fait, ça m’énerve tous ces gens qui voient le mal partout.

Comment vous informez-vous ?

C’est mon frère qui gère. On a créé un groupe WhatsApp. Il s’appelle « OGC Nice ». Il y a Bob et mes associés Andy et John. En général, on parle foot autour d’une bière avec mon frère. On se voit une fois par semaine. Il est moins bavard quand ils perdent et plus quand ils gagnent (rires).

Vous possédez la meilleure équipe cycliste du monde. Avec Nice c’est un défi différent...

Oui, c’est vrai. INEOS, en cyclisme, a un budget raisonnabl­e et l’OGC Nice aussi, comme la Coupe de l’America. On pourrait acheter un gros club en Angleterre mais le budget serait multiplié par . Le foot, ce n’est pas qu’une histoire de chéquier. Et ça, Manchester United vient de le découvrir. Tu peux acheter ce que tu veux dans le foot et ça peut tourner au désastre. C’est exactement ce qu’il se passe à Manchester. A Nice, c’est un défi réfléchi. C’est bien plus compliqué que ce que les gens pensent de réussir dans le foot. Mais si on le fait bien, on peut être en Ligue des champions régulièrem­ent.

Le rêve c’est d’affronter Chelsea ou Manchester United en Ligue des champions ?

Non. Le rêve c’est de les battre (rires). Ça, j’adorerais, c’est clair. Jouer la Ligue des champions et y être régulièrem­ent, ce serait génial pour Nice, le club et la ville. Mais on doit aborder ce challenge de manière intelligen­te, ne pas jeter l’argent par les fenêtres. Voir un joueur dans les journaux et l’acheter avec un gros chèque, ce n’est ni agréable, ni même intelligen­t.

Les jeunes, c’est votre priorité ?

Absolument. La philosophi­e de Bob et du club sera de ramener de super jeunes joueurs. Cela demande un peu de patience mais c’est la voie à suivre. Et puis, c’est excitant de voir les jeunes progresser, percer. Après, parfois, tu as besoin d’acheter un Dante. Un point de repère. Un mec dans le vestiaire qui est capable d’en imposer.

L’Ajax Amsterdam est un exemple ?

Ce qu’ils ont fait l’an dernier, c’est fabuleux. Lille et Monaco ont aussi de super jeunes. On a Southampto­n en Angleterre. Certains clubs savent très bien le faire. Mais ça ne va pas arriver d’un coup de baguette magique.

Si vous pouviez acheter un joueur aujourd’hui, ce serait qui ?

Pour moi, le meilleur c’est Messi.

Vous pouvez le faire ?

Oui peut-être quand il aura  ans (rire). Et il sera probableme­nt encore capable de marquer.

Vous avez prévu de rester combien de temps à l’OGC Nice ?

Longtemps. On n’a pas programmé de départ. Ça dépendra du temps qu’il me reste (rires). Nous, on ne vend pas souvent d’entreprise qu’on achète.

Vous aimez les défis ?

Oui. On n’est pas là longtemps, alors il faut se faire plaisir. Ma philosophi­e c’est de maximiser le nombre de jours inoubliabl­es.

Vous êtes heureux sur la Côte d’Azur ?

J’adore la région. Pour faire du vélo, c’est l’endroit idéal. J’ai grimpé le col de la Madone tellement de fois. Je ne sais même pas pourquoi je fais ça parce que j’ai toujours autant de mal à chaque fois. Je vais à Menton, je prends le café et je grimpe. Je l’ai fait lundi. Je l’ai jamais grimpée avec Chris (Froome), mais une fois avec Geraint Thomas. Les montagnes, la mer, les gens, on est bien ici. Je ne peux juste pas me poser sur la plage, j’ai besoin de faire une activité. Parfois, je vais à Saint-Tropez. C’est bien pour une nuit. On a fait le nord de la Corse le week-end dernier. On s’est fait sept heures de vélo. Froome était avec nous. Il l’a fait sur une jambe.

Est-il capable de gagner un cinquième Tour de France ?

Il a un énorme mental. Vous savez, il a eu un très grave accident, à  km/h, sans protection. Il n’aurait jamais dû survivre.

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