Nicolas de Staël affole les enchères de Christie’s
Le «Parc des Princes», oeuvre de Staël réalisée en 1952 et exposée à Antibes, a été vendue vingt millions d’euros à Paris. Un record pour un tableau d’un peintre français
Comme nous le pressentions dans notre édition de ce mercredi 16 octobre, Parc des Princes, l’oeuvre monumentale peinte par Nicolas de Staël, a été adjugée 20 millions d’euros lors de la vente aux enchères organisée, à Paris, par la maison Christie’s, en marge de la Foire internationale d’art contemporain. Un record pour un tableau d’un peintre français ! Parc des Princes, datant de 1952, était estimé entre 18 et 25 millions d’euros et était mis sur le marché pour la première fois.
Mort à Antibes
La somme de 20 millions d’euros proposée par un acheteur privé européen, représente quasiment le double du précédent record de Nicolas de Staël, à 12,1 millions de dollars (11 millions d’euros) pour la toile Nu debout, adjugée par Christie’s, à New York, en 2018.
Détenue par les descendants du peintre depuis son décès par suicide, en 1955, à Antibes, à l’âge de 41 ans, l’oeuvre n’a été exposée qu’une dizaine de fois : à New York, à Paris, à la Fondation Maeght de SaintPaul-de-Vence, à Londres, à Madrid et, jusqu’au mois de septembre dernier, au musée Picasso à Antibes.
Un match de football stylisé
On distingue sur cette immense toile un match de football nocturne stylisé, avec de larges empattements de couleur rectangulaires - bleus sarcelle, malachites, bleu ciel, rouges, blancs électriques et noirs intenses.
Selon Christies’s, cette peinture représente « le sommet de l’art de Nicolas de Staël, ainsi qu’un moment décisif de l’histoire de l’art occidental d’après-guerre. »
Un tournant dans sa carrière
L’artiste de son vrai nom Nikolaï Vladimirovitch Staël von Holstein, né en 1914, à Saint-Pétersbourg, en Russie, l’a réalisée après avoir assisté, en compagnie de sa femme, à un match de football entre la France et la Suède au Parc des Princes, à Paris. « Ce soir-là, on jouait en nocturne avec un éclairage électrique. Et donc c’est un événement parisien auquel Nicolas de Staël décide d’assister, raconte le spécialiste Pierre Martin-Vivier, directeur du département XXe siècle de Christie’s. Le soir du match, Nicolas de Staël rentre chez lui, dans son atelier rue Gauguet dans le XIVe arrondissement, à côté du parc Montsouris et il peint des esquisses, il est émerveillé par ce qu’il voit, par ce jeu de joueurs, de couleurs, de lumières, poursuitil.
Pendant un mois, il va travailler comme un fou à peindre vingt-cinq tableaux, plus ou moins grands, plus ou moins figuratifs et il termine par ce grand tableau qui s’appelle Parc des Princes des footballeurs, un tournant dans sa carrière, alors qu’il était divisé entre abstraction et figuration. »