Bien vivre sa retraite avec un repas... sans fourchette
L’association « Mémoire et santé » a développé dans le Var un concept où tout se mange à la main, permettant aux personnes souffrant de troubles neurodégénératifs d’aller au restaurant et de maintenir une vie sociale
Avec l’âge, tout devient compliqué, même le simple fait de s’alimenter. Une association marseillaise a mis au point un concept destiné
(1) aux personnes atteintes de troubles neuro-évolutifs (maladies d’Alzheimer, maladies de Parkinson, etc). Mais pas seulement : accompagnés du personnel soignant, des aidants, des proches, les personnes âgées sortent au restaurant pour un menu à déguster sans couverts, relate France Papadacci, assistante de direction pour le compte de l’EHPAD Le Rosaire ainsi que du SSIAD (services de soins infirmiers à domicile) à Sanary.
Lutter contre l’isolement
Ce fut le cas, dans la salle « Eiffel » du Domaine de Montrieux-le-Vieux à Méounes dans le Var, 93 personnes dont 54 résidents de maison de retraite ont savouré
(1) leur repas avec leurs doigts.
Un programme applaudi des deux mains : en effet, les maladies empêchent souvent les personnes de saisir correctement la nourriture avec une fourchette ou de couper la viande. Une situation qui freine les malades à sortir de chez eux et des maisons de repos.
« L’idée est de montrer qu’on peut sortir au restaurant, qu’on peut continuer à vivre normalement, explique Fabienne Verdureau, de Mémoire et santé, neuropsychologue et orthophoniste. Il ne faut pas s’isoler dans la maladie. L’isolement d’un malade, c’est l’isolement d’une famille aussi. Ce sont des vecteurs de dépression. » Manger sans l’aide d’outils, comme le font spontanément les bébés, est un réflexe inoubliable, éminemment capital : « Le geste de saisir avec le pouce et l’index (la pince) déclenche le processus de la déglutition. On évite le problème des fausses routes. »
Veiller à la texture
Ce programme représente un travail de préparation et de dressage important pour les cuisiniers, car confectionner des bouchées, une à une, est chronophage. De plus, il faut observer quelques contraintes évidentes, au niveau de la texture (pour ne pas gêner la mastication) et de la taille des morceaux. « Par exemple, on ne peut pas faire quelque chose avec du liquide à l’intérieur : ça pourrait couler s’ils le mangent en deux fois », précise Richard Lepage, de Mémoire et Santé, ancien hôtelier et restaurateur.
Les membres de l’association vont continuer à sensibiliser les restaurateurs afin que soient intégrés ces clients pas comme les autres, qui apprécient, comme tout le monde, de se retrouver autour d’une belle table. 2. Les Pins Bleus de Saint-Mandrier, Le Cap Sicié à la Seyne, Le Rosaire et La Pinède à Sanary et Saint-François du Las à Toulon, La Louisiane à Hyères.
‘‘Ne pas s’isoler dans la maladie.”