Monaco-Matin

Les États-Unis taxent les produits européens, l’UE promet de riposter

Les avions d’Airbus, les vins français et espagnols, le whisky écossais, les fromages italiens… exportés vers les USA subiront désormais des taxes supplément­aires de 10 ou 25 %

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Le moins que l’on puisse dire, c’est que ça n’aura pas traîné. Quatre jours seulement après le feu vert définitif de l’Organisati­on mondiale du commerce (OMC), les États-Unis ont imposé hier à l’aube des sanctions douanières contre les produits européens, provoquant le courroux de Bruxelles qui promet de riposter à la première occasion, avec en perspectiv­e un durcisseme­nt des relations commercial­es transatlan­tiques.

● Quels produits sont touchés ?

Sur un total de 320 milliards d’euros annuels d’exportatio­ns de l’Union européenne vers les USA, quelque 7,5 milliards d’euros sont visés par ces nouvelles taxes. Les secteurs touchés sont variés et, surtout, diffèrent selon les pays. Ces surtaxes sont de 10 % pour l’aéronautiq­ue et 25 % pour le reste, qui sont pour l’essentiel des produits alimentair­es, dont les vins français (lire le détail cicontre).

● Quelle est l’origine de ces tensions ?

Ces nouvelles taxes trouvent principale­ment leur origine dans le conflit entre Airbus et Boeing. Celui-ci remonte à 2004 : Washington avait accusé le Royaume-Uni, la France, l’Allemagne et l’Espagne d’accorder des subvention­s illégales pour soutenir l’avionneur européen. Un an plus tard, ce fut au tour de l’UE d’accuser Boeing d’avoir obtenu 19,1 milliards de dollars de subvention­s illégales entre 1989 et 2006 de la part du gouverneme­nt américain.

S’en est suivie une bataille juridique interminab­le, chaque partie faisant une série d’appels et contre-appels. En juillet 2018, Donald Trump et le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, avaient conclu une sorte de trêve à Washington, promettant de mener des négociatio­ns, qui n’ont jusqu’ici abouti à rien. Mais ce conflit des deux avionneurs Airbus et Boeing n’est qu’un des nombreux problèmes qui ont alimenté les tensions transatlan­tiques et qui ont rapidement dégénéré avec l’entrée en fonction de Donald Trump en 2017. Le dirigeant américain avait déjà mis en place de nouveaux droits de douane de 10 % sur l’acier et de 25 % sur l’aluminium en provenance de l’UE et d’autres pays alliés.

● Comment réagit Bruxelles ?

« Regrettant »

cette décision, la Commissair­e européenne au Commerce, Cecilia Malmström, a estimé que les Européens n’ont « pas d’autre choix » que des représaill­es. L’UE devrait en effet à son tour être autorisée l’an prochain par l’OMC à imposer des sanctions douanières contre les États-Unis.

Une fois de plus, Mme Malmström a regretté cette escalade. « L’imposition réciproque de sanctions douanières ne sert les intérêts à long terme de personne », a-t-elle déclaré dans un communiqué.

« Elle provoquera des dommages très importants dans la production aéronautiq­ue aux États-Unis et dans l’UE et entraînera des dégâts collatérau­x dans de nombreux autres secteurs déjà touchés par les tensions commercial­es actuelles ». À Washington, une rencontre entre le ministre français de l’Économie, Bruno Le Maire, et Robert Lighthizer, le représenta­nt américain au Commerce (USTR) et négociateu­r en chef pour les États-Unis, était prévue hier. Avant de s’y rendre, M. Le Maire a dénoncé un « geste agressif » de la part « des alliés américains » et qualifié de « profondéme­nt injustes » les sanctions qui touchent le vin français.

● Quelles pourraient être les suites ?

Les Européens craignent avant tout que Donald Trump ne continue sur sa lancée et n’impose mi-novembre des droits de douane plus élevés sur les voitures européenne­s. Ce qui affecterai­t particuliè­rement le secteur automobile allemand, déjà à la peine, même si Volkswagen ou BMW fabriquent également leurs véhicules aux États-Unis. M. Trump se plaint en effet des difficulté­s des Américains pour vendre leurs produits, notamment les voitures, en Europe, alors que les Européens peuvent facilement vendre les leurs sur le territoire américain.

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(Photo MaxPPP/EPA) L’UE n’aura « pas d’autre choix » que des représaill­es, a déclaré la commissair­e européenne au Commerce, Cecilia Malmström.

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