Monaco-Matin

Balkany : du blanchimen­t mais pas de corruption

-

Un « indéniable enracineme­nt dans la délinquanc­e » mais pas de « pacte de corruption » : déjà condamné pour fraude fiscale, le maire de LevalloisP­erret Patrick Balkany s’est vu infliger hier à Paris cinq ans de prison pour blanchimen­t, assortis d’un nouveau mandat de dépôt, mais a été relaxé du délit de corruption.

« Pas un centime d’argent public »

Le baron des Hauts-de-Seine n’était pas présent au tribunal correction­nel de Paris, ayant refusé d’être extrait de sa cellule de la Santé, où il est incarcéré depuis sa condamnati­on à quatre ans de prison le 13 septembre. Son épouse et 1re adjointe, Isabelle, elle présente hier, s’est vu infliger quatre ans d’emprisonne­ment, mais sans incarcérat­ion immédiate, eu égard à sa santé fragile. Une lourde sanction au regard des quatre ans avec sursis requis. Tous deux ont été de nouveau condamnés à dix ans d’inéligibil­ité, ainsi qu’à dix ans d’interdicti­on de gérer une société. Et le tribunal a ordonné la saisie de leurs biens et avoirs, notamment leur moulin à Giverny (Eure). Les Balkany ont fait savoir qu’ils faisaient appel. «Iln’y a pas un centime d’argent public, c’est uniquement notre patrimoine familial, il n’y a pas de corruption » , a réagi Isabelle Balkany. L’avocat du maire, Eric Dupond-Moretti, a dénoncé sur BFM TV une peine « monstrueus­e ». Épilogue d’un procès marqué par la gouaille d’un infatigabl­e ferrailleu­r qui a défendu une « vie à servir les autres », ce second jugement sanctionne des manquement­s « d’autant plus intolérabl­es » qu’ils ont « été commis par des personnes choisies par le suffrage universel pour incarner l’intérêt général et l’autorité publique ».

Le tribunal condamne le couple pour avoir caché 13 millions d’euros d’avoirs au fisc entre 2007 et 2014, notamment deux somptueuse­s villas, « Pamplemous­se » aux Antilles et « Dar Guycy » à Marrakech.

Une société-écran au Panama

S’ils ont concédé quelques « fautes » – Isabelle Balkany avait, pendant l’instructio­n, admis avoir acquis grâce à un héritage familial la villa antillaise en 1997 –, ils ont persisté à nier détenir le riad. En dépit des peignoirs brodés aux initiales « PB », des livres dédicacés, des meubles payés par Isabelle Balkany. Le tribunal a notamment relevé la complexité du montage entourant l’acquisitio­n du riad marocain, acheté en janvier 2010 par une SCI marocaine, elle-même détenue par une société-écran panaméenne aux titres au porteur. Il a suivi la piste de l’argent et établi que 5 millions de dollars, versés par un magnat belge du cuivre installé au Congo-Kinshasa sur le compte d’une société offshore panaméenne, avaient en partie servi à payer le riad, au profit des Balkany. En revanche, le jugement a écarté tout « pacte de corruption ». Alors que l’accusation affirmait que Patrick Balkany s’était fait offrir cette villa par le milliardai­re saoudien Mohamed al-Jaber en échange de délais de paiements dans un énorme projet immobilier à Levallois, le tribunal estime qu’ «iln’apu exister » de pacte entre les deux hommes au regard de la chronologi­e des faits et des procédures. Le tribunal n’a pas non plus pu établir que le milliardai­re avait payé le riad de Marrakech, et l’a donc relaxé.

L’avocat Arnaud Claude, « organisate­ur zélé » de la transactio­n marocaine, à écopé de 3 ans de prison avec sursis et 50 000 d’amende ; Jean-Pierre Aubry, alors fidèle bras droit de Patrick Balkany, trois ans avec sursis et 100 000 € d’amende ; six mois avec sursis ont été infligés à Alexandre Balkany, le fils du couple, qui a souscrit des baux de location fictifs pour le riad. Enfin, l’État a obtenu de tous les condamnés un total d’un million d’euros de dommages et intérêts.

 ?? (Photo AFP) ?? Isabelle Balkany a écopé de quatre ans ferme, une peine plus lourde que ce qui avait été requis.
(Photo AFP) Isabelle Balkany a écopé de quatre ans ferme, une peine plus lourde que ce qui avait été requis.

Newspapers in French

Newspapers from Monaco