Un constat unanime
Manque de médecins, d’infirmiers, d’aides-soignants...
La raréfaction des professionnels de santé touche, à des degrés divers, tous les secteurs de la santé : public, privé, ville, hôpital... À chacun, sa (ses) spécialité(s) en tension. Concernant les médecins, le groupement dépendant du centre hospitalier d’Antibes (et ses établissements de Puget-Théniers, Entrevaux et Vallauris), souffre par exemple d’un manque de gériatres. « La situation est particulièrement tendue sur le secteur pays du Var, indique Nathalie Jaffre, directrice par intérim. Nous avons été déclarés zone prioritaire de recrutement par l’ARS. » Thierry Pattou, président de la délégation départementale de la Mutualité française, évoque, lui, les difficultés de recrutement d’ophtalmos et de dermatos pour faire tourner les centres de santé. À Grasse, le centre hospitalier appréhende la pénurie de généralistes... en ville. « Deux médecins prennent leur retraite. Or, ils n’ont pas de remplaçant. Cela veut dire que leurs patients se tourneront vers les urgences faute de solution », prédit le directeur, Walid Ben Brahim. Des généralistes qui commencent aussi à faire défaut au Centre AntoineLacassagne. « Jusqu’à récemment, on était assez peu confronté à la problématique de raréfaction des professionnels. Mais depuis - ans, avec la baisse du nombre d’internes en formation, ça devient une réalité, relève le Pr Jean-Marc Ferrero, chef du département d’oncologie médicale. On se retrouve dans la situation où, pour recruter des généralistes, il nous faut les rémunérer à des niveaux supérieurs aux spécialistes. D’autres professions manquent à l’appel tels que les manipulateurs en radiologie, en radiothérapie. » En effet, les médecins ne sont pas les seuls à manquer à l’appel. Comme nombre de ses confrères, la directrice du CH Antibes fait face à des difficultés de recrutement de paramédicaux. « Certains métiers sont en tension à l’instar des Ibode (infirmier de bloc opératoire) et Iade (infirmiers anesthésistes). À tel point que nous avons dû fermer, ponctuellement, une salle de bloc. Les plages opératoires sont tendues, certaines opérations ont été retardées. Pour y remédier, nous allons proposer des formations en interne. » Également très inquiétante, la pénurie actuelle mais surtout à venir, d’aides-soignants, induite notamment par l’universitarisation des formations en santé. « Cela va être compliqué en gérontologie, qui est une filière dans laquelle on a besoin de beaucoup d’aides-soignants », s’inquiète Mme Jaffre. Pour Hervé Ferrant, directeur général de l’hôpital privé gériatrique Les Sources, c’est déjà une réalité : « Cet été, nous avons été à la limite de fermer un service. Nous avons dû engager des intérimaires ; une situation qui crée des tensions en interne. » Pour Dominique Charniguet, directeur des soins à l’hôpital privé Tzanck Mougins, l’explication se trouve en partie du côté de la fiche de paie. « La charge de travail, les responsabilités ne sont pas à la hauteur du salaire. » La « ville » n’est pas moins en souffrance, comme le rappelle Stéphane Bardet, président d’Audition conseil. « On fait face à une vraie pénurie d’audioprothésistes en ville. »