«Ona gagné notre pari »
faire avec ce qu’on a. Mais j’avais retrouvé une belle qualité d’entraînement, une bonne attitude et de l’engagement. On s’était bien préparé mais il fallait que la compétition démarre car on n’attendait que ça.
Et le premier tour est maîtrisé à la perfection...
Oui, et pourtant certains estimaient qu’on avait gagné trop facilement (rires). Sur le premier match, on a trouvé la bonne tactique, le bon rythme, l’agressivité parfaite. C’est parti crescendo jusqu’au quart de finale contre l’Italie où on fait un match référence. Mais un match référence ne correspond pas au niveau de jeu moyen, ce qui compte, c’est la régularité et la qualité de jeu. Face à la Serbie en demi-finale, on perd tout en gardant notre niveau de jeu mais parce qu’on a un trou d’air de deux minutes dans le tie-break, ça suffit pour se faire éliminer... Le volley c’est ça, savoir gérer les trous d’air psychologiques. Un point mal négocié peut faire basculer un match dans un sens ou dans l’autre. Et puis il ne faut pas oublier la qualité de la Serbie, notamment au bloc et au service, ils ont ralenti tous nos ballons et sont champions d’Europe comme ça. Sans oublier leur pointu qui cogne dans tous les sens. Certes, on repart sans médaille mais la qualité de jeu était là.
Pensez-vous encore à ce trou d’air ?
Je ne le vois pas venir... Quand on est mené -, je prends un temps mort et je me demande comment ça a pu arriver si vite. Ça a duré quoi, minutes ? Sur la première réception, on est trop près, on la prend sur la poitrine et ça part dehors... Pourquoi à ce moment-là on est mal positionné en réception alors qu’on était dans notre match jusqu’ici ? Là, je ne comprends pas. Pourquoi la réception déraille, pourquoi Earvin qui était parfait jusqu’ici met son attaque dehors, pourquoi on se fait bloquer ? Qu’est-ce que je peux faire là-dessus ? Pfff, c’est comme ça. Ce soirlà, on était du mauvais côté... Le volley est ainsi, il faut savoir que ça arrive et tout faire pour ne pas que ça arrive. A ce moment précis de la demi-finale, je n’ai pas la solution.
C’était trop dur d’aller chercher le bronze moins de heures après la défaite contre la Serbie ?
On est rentré à heures du matin à l’hôtel, les Polonais avaient heures de récupération en plus, on avait perdu Julien Lyneel sur blessure lors de la demifinale, on n’y était plus vraiment. C’était trop dur pour lutter contre les Champions du monde.
Le prochain objectif arrive vite, le TQO en janvier (Tournoi Qualification Olympique) pour se
qualifier pour les
JO de Tokyo.
Il va être monstrueux... Deux poules de quatre et on est avec la
Serbie, championne d’Europe, la Bulgarie et les Pays-Bas, deux outsiders très sérieux. Les deux premiers vont en demi-finale et seul le vainqueur du TQO est qualifié pour les JO. C’est le dernier ticket disponible. Dans l’autre poule, il y a l’Allemagne qui jouera à domicile, la Slovénie vicechampionne d’Europe, la Belgique et la République Tchèque. Il faut de la chance et aller la chercher, la chance.
On a l’impression que les gens ont découvert notre sport durant l’Euro”
‘‘
Le trou d’air contre la Serbie, ça a duré quoi, minutes ?”
Avec les mêmes joueurs qu’à l’Euro ?
Sensiblement, oui. C’est assez difficile de rentrer dans ce groupe, il y a une certaine habitude mais aussi de la qualité. C’est difficile de le faire comprendre aux plus jeunes qui arrivent, par exemple. Dans le volley, il faut de la stabilité et une hiérarchie. Sur les joueurs de l’Euro, jouent dans des gros clubs étrangers. Il faut faire accepter la hiérarchie à tout le monde. C’est plus difficile qu’avant car il y a de la frustration chez les joueurs, ce qui n’était pas le cas avant quand j’avais six gros titulaires et des remplaçants. Si je ne mets pas en place un ordre établi dans la rotation, il y a une forme de déresponsabilisation des joueurs et beaucoup de frustration. Il faut une hiérarchie et si ça ne marche pas, tu changes en cours de match.
Vous avez vécu mois avec vos joueurs, quel est votre sentiment quand ça s’arrête ?
Un grand trou. Surtout pour moi car les joueurs retournent en club et rebondissent sur d’autres objectifs. Ils vont y retrouver un autre cadre, un autre coach. Ce qui se passe dans leur club n’est pas un frein pour leur place en équipe de France. Je prends l’exemple de Daryl Bultor qui sortait d’une saison merdique avec Sète et qui était dans les pour l’Euro car je connais son potentiel et ce qu’il peut apporter. Moi, je reste dans l’inachèvement, la frustration, l’analyse, je rumine. Je n’ai plus les garçons au quotidien. C’est comme si vous retiriez sa boulangerie au boulanger, il ne pense qu’à son pain mais il ne peut pas le faire. Coach, c’est un travail manuel, il faut le pratiquer pour avancer.
Né le er décembre à Alger. ans. Volleyeur de à . sélections en Equipe de France. Sélectionneur de l’Equipe de France depuis .