« L’IA génère une inquiétude quasi-identique à celle du réchauffement climatique »
Invitée par DayOne, Najat Vallaud Belkacem a expliqué les réalités du monde de l’entreprise et les perspectives que tracent les nouvelles technologies dans la relation employeur/employés.
« Deux tiers des gens qui travaillent pensent que l’intelligence artificielle est une aubaine. Mais en même temps, ils en perçoivent aussi les risques. Ils craignent notamment que l’IA diminue leur pouvoir de négociation et génère une précarité d’emploi. % des salariés pensent en effet qu’à moyen terme, l’intelligence artificielle fasse tout ou partie de leur emploi, ce qui creuserait les inégalités.
Ces chiffres sont issus d’études internationales mais ce sentiment est particulièrement fort en France. »
Ce sentiment mitigé des salariés est bien moindre chez les patrons et décideurs qui, eux, ont un optimisme bien plus grand.
Des métiers vont disparaître et les inégalités se creuser
« Les deux tiers voient dans l’IA un impact positif pour l’économie. % sont encouragés à poursuivre les investissements dans ce domaine. »
Alors l’ancienne ministre du gouvernement de François Hollande souligne le « décalage de perception entre élus et citoyens. Que savons-nous réellement de l’impact que l’lA va avoir sur le marché du travail ? Les bénéfices sur l’entreprise semblent très nets. Mais avec % des tâches remplacées par l’automatisation, quels métiers vont disparaître ? Les tâches répétitives, manuelles mais aussi cognitives. Sont touchés les métiers de la finance, la comptabilité, les ressources humaines. À l’inverse, semblent valorisés les métiers qui peuvent accomplir des tâches variables (comme celles du plombier), de création (la communication ou le design) ou encore de relations humaines (la vente). »
De quoi se réjouir autant qu’être inquiet de l’avenir. Une chose est certaine :
« Si les décideurs ne prennent pas leurs responsabilités, les inégalités vont se creuser de façon assez lourde, assure Najat Vallaud Belkacem. L’IA fera perdre à certains travailleurs leur emploi plus qu’ils n’en trouveront un autre. »
La formation continue pour éviter le décrochage
Comment garder le meilleur de l’IA et éviter son pire ? « D’abord, il faut avoir à l’esprit la spécificité propre de chaque pays. En France, les réactions sont fortes. L’IA va brouiller les codes. Les entreprises ont un rôle à jouer en matière de formation continue pour limiter le décrochage. Elles devront également identifier et signaler à nos employés tous les paliers qui marquent la transition. Les Français considèrent par exemple qu’ils ne sont pas bien formés en entreprise. »
On le voit, l’IA, quand bien même elle marquerait une sorte d’abolition de la servitude des tâches, n’est pas pour autant l’avènement d’un monde du travail heureux et épanoui.
« L’intelligence artificielle génère une inquiétude quasi-identique à celle du réchauffement climatique. Au point qu’une personne sur cinq ne veut pas en entendre parler », précise tout de même l’ancienne ministre.