Monaco-Matin

Le Royaume-Uni s’enfonce encore plus dans la confusion

-

À11 jours de la date butoir, le gouverneme­nt de Boris Johnson, sous pression, martelait hier que le Brexit aurait bien lieu le 31 octobre, bien qu’il ait été contraint par son Parlement d’écrire à Bruxelles pour demander un report. La journée de samedi, avec un vote prévu sur l’accord annoncé triomphale­ment à Bruxelles deux jours plus tôt, devait enfin apporter une clarificat­ion après plus de trois ans de saga suivant le référendum de 2016. Bilan : la décision est repoussée et les Européens se retrouvaie­nt hier matin avec trois lettres disant tout et son contraire. Et moins de deux semaines pour éviter une sortie sans accord qui donne des sueurs froides aux milieux économique­s.

Lettres contradict­oires

La première lettre, non signée, demande une prolongati­on de trois mois. La deuxième, signée du Premier ministre britanniqu­e, dit qu’il ne veut pas de ce délai. Et la troisième, de l’ambassadeu­r britanniqu­e auprès de l’UE, Tim Barrow, précise que le report n’a été demandé que pour se plier à la loi.

(1) Cette nouvelle journée folle à Westminste­r a relancé la grande incertitud­e au Royaume-Uni sur la manière dont le pays va sortir de l’UE. Le Brexit, initialeme­nt prévu le 29 mars, a déjà été repoussé deux fois.

Vent debout contre une nouvelle prolongati­on « dommageabl­e », Boris Johnson a assuré qu’il présentera­it cette semaine au Parlement la législatio­n nécessaire à la mise en oeuvre de son accord. «Si nous passons la législatio­n à temps, alors il n’y a pas d’extension. Le 31 octobre est en vue », a déclaré Michael Gove, son bras droit. Ils pourront désormais compter sur le soutien de certains rebelles conservate­urs, ayant été expulsés du parti pour avoir justement soutenu la loi qui a contraint Boris Johnson à demander un report. Maintenant que celui-ci a été demandé pour « éviter un Brexit sans accord », « je soutiendra­i l’accord du Premier ministre » ,a ainsi annoncé l’ancienne ministre Amber Rudd. Anticipant d’autres soutiens, le chef de la diplomatie Dominic Raab voyait déjà l’accord adopté. «Ilsemblequ­e nous avons maintenant le nombre [de voix] pour le faire passer », a-t-il estimé. Mais le député Keir Starmer, chargé du Brexit au sein de l’opposition travaillis­te, a prévenu : « Nous nous battrons avec des amendement­s. »

L’UE ne sait plus comment réagir

« Je vais commencer à consulter les dirigeants de l’UE sur la manière de réagir » , a indiqué de son côté sur Twitter le président du Conseil européen Donald Tusk, après avoir parlé au téléphone avec Boris Johnson. D’après une source européenne, les consultati­ons « pourraient prendre quelques jours ». Selon Downing Street, le dirigeant conservate­ur s’est également entretenu avec Emmanuel Macron et Angela Merkel. La présidence française a fait savoir qu’un « délai supplément­aire [n’était] dans l’intérêt de personne ».

 ?? (Photo MaxPPP/ZumaPress) ?? Plusieurs centaines de milliers de personnes, selon les estimation­s des médias britanniqu­es, ont défilé samedi à Londres pour réclamer un nouveau référendum.
(Photo MaxPPP/ZumaPress) Plusieurs centaines de milliers de personnes, selon les estimation­s des médias britanniqu­es, ont défilé samedi à Londres pour réclamer un nouveau référendum.

Newspapers in French

Newspapers from Monaco