Datacorp, la mécanique de la réussite
Portrait Parce que monter sa boîte a été pour Sébastien Fraisse un parcours du combattant, le dirigeant de Datacorp à Sophia Antipolis a décidé de créer un écosystème favorable aux startups
Sébastien Fraisse, le dirigeant et fondateur du groupe Datacorp à Sophia Antipolis, est un homme pressé. Tellement pressé de dupliquer son modèle économique dans d’autres régions françaises qu’il fait peu de cas de ses réussites, ne se focalisant que sur ce qui lui reste à accomplir. Pourtant, en moins de neuf ans, via une série d’opérations de croissance organique et externe, il a fondé une société de conseils et d’ingénierie IT d’abord à Sophia puis à Monaco, un pôle incubation dans un centre d’affaires sophipolitain et un pôle presse-événementiel dont l’un des événements phares Get in the Ring se déroule ce jeudi 24 octobre sur la technopole.
Dynamique vertueuse
Pourquoi cette boulimie ? « Pour créer une mécanique de réussite, un environnement favorable à la croissance et aux entrepreneurs qui se lancent, explique-t-il sobrement. Quand j’ai débuté en 2011, j’ai découvert l’entrepreneuriat sans y avoir été préparé. J’étais seul dans un bureau, sans réseau d’affaires, ni partenaires, ni mentor... J’ai passé les deux années suivantes à établir un modèle économique. Je suis en train de créer l’écosystème que j’aurais aimé trouver. Quand l’entrepreneur crée son affaire, il le fait avec une seule compétence dans son métier. C’est hyperverticalisé. Tout le reste n’est qu’apprentissage. Il faut une dynamique vertueuse, mettre en place une chaîne complète de valeurs pour réussir et c’est ce qui manque dans l’écosystème. »
Un écosystème proposant le triptyque gagnant hébergement-communication-conseils IT. « Le but est pour un entrepreneur de venir dans le centre d’affaires, de créer sa société dans un environnement immobilier favorable (salle de fitness, coiffeur, masseur, ostéopathe, expert sushis, esthéticienne, un rooftop avec de la musique...), d’être embarqué par le pôle média qui lui propose une exposition print, digitale et événementielle durant laquelle il rencontrera des donneurs d’ordre, mentors… Et de bénéficier également de conseils en informatique. »
Une idée qui lui est venue alors qu’il était magistrat au tribunal de commerce d’Antibes. Et de déplorer : « J’ai vu trop d’entreprises échouer, faute d’anticipation et de conseils. » Il propose donc un mentorat « que je n’ai pas trouvé, à de jeunes pousses même si je n’ai que 8,5 ans d’existence, c’est intéressant d’échanger. J’ai gagné quelques batailles, j’en ai perdu aussi. La finalité pour réussir dans l’entrepreneuriat est de partager avec des gens qui ont ces vécus. » Il va aussi plus loin en investissant depuis huit mois dans deux startups locales « qui ont un rayonnement d’action à l’international et qui vont faire un carton » et en créant d’ici peu un fonds d’investissement dont le but est d’automatiser l’investissement dans les jeunes pousses.
Charge d’âmes
Si être entrepreneur est désormais une évidence pour lui et à 200 % dans sa personnalité, c’est aussi un parcours du combattant. « C’est très difficile, largement au-dessus des difficultés que j’avais anticipées, reprend-il. On prend une claque d’un point de vue maturité. Je ne pensais pas qu’il y aurait autant de différences entre être salarié avec des responsabilités (il a été directeur chez Cegid, éditeur de logiciels pour experts-comptables, ndlr), à Sophia et entre entrepreneur seul puis avec charge d’âmes. » Avec 160 collaborateurs actuellement et un objectif de 260 à la fin 2020, la responsabilité est forte. « Heureusement, il y a des effets de seuil. Il était de cent collaborateurs pour Datacorp. Une fois cette taille critique passée, il y a un effet démultiplicateur du business model. Ce sera plus facile de passer de100à1000que1à100» , prévoitil. Une étape que Sébastien Fraisse, qui a pris un associé au début de l’été, compte avaler rapidement en dupliquant son modèle centre d’affaires-incubateur-médias-ingénierie informatique mi-2020 à Lyon puis Toulouse et Genève. En attendant l’agence d’IT parisienne ouvrira dans quelques jours. « Ces ouvertures nous aideront à avoir les résultats que j’ai imaginés, que mes collaborateurs méritent. » Et que les entrepreneurs attendent aussi.