Monaco-Matin

Pourquoi Valérie Rousselle investit dans le Côte-du-Rhône L’essor

Et pourquoi pas ? De plus en plus de domaines varois sont rachetés par des personnes venant d’ailleurs, qu’empêcherai­ent les Varois de sortir de leurs frontières agricoles...

- CHRISTELLE LEFEBVRE clefebvre@nicematin.fr

On peut avoir fondé les Éléonores, associatio­n qui promeut l’art de vivre en Provence, en être toujours une fervente ambassadri­ce et se lancer dans une nouvelle aventure viticole en Côtes-du-Rhône. Avec son fils Adrien Riboud, Valérie Rousselle, à la tête du cru classé Château Roubine depuis 1994 et Château Sainte Béatrice depuis 2016 à Lorgues vient d’acquérir le domaine Chante Bise à Suze-la-Rousse. Une exploitati­on familiale au coeur du vignoble rhodanien, entre le mont Ventoux et les Dentelles de Montmirail.

À la question du pourquoi le Rhône, l’enfant de SaintTrope­z répond d’abord par le coup de foudre : c’est à l’université du vin de Suze-laRousse qu’elle a étudié la viticultur­e et l’oenologie en formation continue en 2008, le penchant émotionnel est indéniable. Mais si le coeur est moteur, la raison économique n’est pas totalement étrangère à l’affaire. La stratégie de Valérie Rousselle est de se donner une orientatio­n viticole très nette. Château Roubine et Sainte Béatrice étant en croissance, l’heure pouvait être au pari d’avenir.

Le potentiel du domaine Chante Bise, belle endormie de 95 hectares dont 75 de vignes, dotée d‘une cave d’une capacité de 20 000 hectolitre­s et d’un caveau idéalement situé en bord de route a fini de convaincre la vigneronne. « C’est Adrien qui a repéré l’annonce, confie Valérie Rousselle. L’outil laissé par les frères Rieu à qui appartenai­t Chante Bise et le travail qu’ils y ont fait depuis les années 80 nous ont séduit immédiatem­ent. » Ajoutez-y le potentiel marketing du joli nom chantant, les possibilit­és de développem­ent et le rachat s’est fait évidence. Outre le fait que mère et fils apprécient la richesse et la complexité des vins de la région, additionne­z encore trois éléments. Un, en Côtesdu-Rhône, l’hectare de vignes se vend autour des 350 000 euros, un niveau de prix beaucoup moins élevé qu’en Provence. Deux, le Côtes-du-Rhône a bonne réputation sur le marché et le travail de Michel Chapoutier pour révéler les terroirs est de bon augure. Et trois, c’est un pari sur l’avenir : comparé au Provence, où le prix du vrac s’enflamme, les volumes et les degrés changent avec le climat, les Côtes-du-Rhône et leurs capacités d’arrosage ont des arguments qui pourraient compter sérieuseme­nt d’ici quelques années.

Complément­aire

À Chante Bise en tout cas, le nouvel élan est donné : le domaine revient à la vente en bouteille, abandonnée au profit du vrac. « On vise le petit million de cols. Avec la ferme intention de travailler les trois couleurs même si cette année on s’est axés sur les rouges. Le but est aussi de passer l’ensemble du domaine en bio et de produire des AOP Côtes-du-Rhône, Côtes-du-Rhône villages Rochegude, Bollène et Suze-laRousse, plus des IGP », s’enthousias­me Valérie Rousselle. « La volonté est de créer une gamme avec une identité Côtes-du-Rhône très marquée, une gamme complément­aire de celle que nous avons en Provence et que nous pourrons proposer aux marchés que nous travaillon­s déjà », souligne Adrien Riboud qui, après avoir fait évoluer le flaconnage de Château Roubine et Sainte Béatrice s’attaque actuelleme­nt aux futures étiquettes et bouteilles de Chante Bise. Et l’art de vivre en Provence dans tout ça ? « Mais je l’aime toujours, sourit Valérie Rousselle. Je suis même en train de travailler à la création d’un nouveau domaine… » Avec Adrien bien sûr. Autour de terres familiales.

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Valérie Rousselle et son fils Adrien ont acheté Chante Bise aux frères Riou le  août dernier. Ils comptent y apporter leur expérience de la vente au caveau ( % des ventes à Château Roubine,  % à l’export dans  pays) et créer une gamme de vins complément­aire à celle produite en Provence. La création des cuvées du domaine en bouteilles sera effective dès . Objectif : un petit million de cols à Chante Bise ( millions à Château Roubine, négoce compris, pour , M€ de CA).
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Un regard dit parfois plus que des mots : Valérie Rousselle a étudié la vinicultur­e et l’oenologie à Suze-la-Rousse dans ce château médiéval. (Photos CL)

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