Cannes veut investir M€ dans le cinéma
«Cannes on air», le projet de «Silicon Valley de l’audiovisuel», va s’appuyer sur un groupe présenté mardi à Paris et constitué des plus influents décideurs de la production nationale
Cannes a choisi de se donner les moyens de devenir «laSilicon Valley de la création audiovisuelle », mais c’est depuis Paris que son maire David Lisnard a présenté, mardi, le Comité éditorial et scientifique qui accompagnera la Ville dans la réalisation de cette ambition. Tout sauf un hasard : Paris regroupe l’ensemble des décideurs du secteur, dont une bonne proportion a rejoint le projet cannois, et abrite, au 291 du boulevard Raspail, le saint des saints en matière de production cinématographique : le Centre national du cinéma (CNC), où se sont donc retrouvés, autour du maire de Cannes, les dirigeants d’Arte, de Canal +, de la Gaumont, de l’Académie des Césars, ainsi que la fine fleur des producteurs et autres « gens du métier ». « Si nous nous retrouvons ici, ce n’est pas anodin, a souligné David Lisnard. En étant accueillis par le CNC et en ayant réuni autour de nous autant d’experts, nous concrétisons la légitimité de notre projet. »
Un investissement de millions d’euros
À l’issue de cette première réunion, le Comité a validé l’ensemble du projet, qui devrait représenter au final un investissement de 500 millions d’euros, dont 175 ont d’ores et déjà été engagés ou programmés. La première brique de ce vaste programme sera inaugurée au mois de janvier prochain, avec la livraison du bâtiment universitaire destiné à hisser le campus cannois au rang de « capitale européenne des métiers de l’écriture, assure David Lisnard, afin d’accompagner la croissance exponentielle de la production de fictions et de la demande de scénaristes ». Et de résumer ainsi l’ambition de cette filière en devenir : « Le premier maillon, c’est l’université, le dernier c’est le palais des festivals ! » Un Palais qui, évidemment, tient une place centrale dans « l’écosystème de fertilisation croisée des métiers de l’audiovisuel » que veut impulser le premier magistrat. A cet effet, le complexe bénéficie d’un plan d’investissement de 62 millions d’euros, qui permettra notamment de créer une nouvelle salle de projection sur le toit du Palais, l’ensemble devant être livré en 2024. Autre projet soumis au Comité éditorial et scientifique, celui du Musée international du cinéma et du festival. « Ce sera le pendant européen du musée du cinéma qui doit ouvrir à Los Angeles, a expliqué David Lisnard. Ce sera un espace à la fois culturel et ludique, favorisant une approche immersive et qui mettra en valeur le patrimoine du cinéma, les effets spéciaux et la prospective cinématographique. » Surtout, ajoute-t-il, « il devra être à la hauteur du Festival. » Le Musée, « pour lequel plusieurs personnalités ont déjà annoncé leur volonté d’être mécènes », a assuré le maire de Cannes devrait ouvrir en 2025. Pour boucler le financement de cet équipement, l’édile cannois entend appliquer une méthode éprouvée : « La puissance publique est là pour stimuler, puis attirer et fédérer des investisseurs publics et privés. » Dans cette quête, le Comité, composé du gratin de la production audiovisuelle française, « crée un effet de levier évident qui nous permet de peser, contacter et démarcher les bonnes personnes au bon moment », se félicite le maire, qui réunira par ailleurs un « Comité des financeurs » dans les semaines à venir.