COUPE DU MONDE (DEMI-FINALE) NOUVELLE-ZÉLANDE - ANGLETERRE, SAMEDI De la cuisse sur les ailes
Renouvellement à la sauce All Black. Face à l’Angleterre, la Nouvelle-Zélande devrait aligner Sevu Reece et George Bridge nouveaux venus au poste
Opposée à l’Angleterre samedi, la Nouvelle-Zélande a cette faculté à sortir de son chapeau de nouveaux ailiers à chaque Coupe du monde ou presque. Elle mise cette fois sur Sevu Reece et George Bridge.
Une devinette, pour commencer. Qui étaient les meilleurs marqueurs d’essais de l’édition 2015, en Angleterre ? Réponse : deux Néo-Zélandais, Julian Savea (8 essais) et Nehe MilnerSkudder (6), armes fatales d’une équipe championne du monde pour la deuxième fois consécutive. Quatre ans plus tard, ils ont disparu du paysage international, poussés à moins de 30 ans vers la sortie et un exil à Toulon, où a débarqué le premier à l’été 2018, bientôt rejoint par le second.
Aux ailes, les All Blacks ont toujours pu compter sur de grands talents (Kirwan, Lomu, Howlett, Rokocoko...), et y placent les hommes en forme. Qu’importe leur expérience : de la même manière que Milner-Skudder avait éclos avant le Mondial-2015 (première sélection en août), Reece (22 ans) a connu la première de ses six sélections en juillet dernier. Après une seule saison de Super Rugby sous le maillot des Crusaders, mais durant laquelle il a marqué 15 essais. Soit le même total que Bridge (24 ans, 8 sélections) avec le même maillot la saison précédente, ce qui lui a valu sa première cape en novembre 2018.
De la gestion de la pression Plus encore que Savea et Milner-Skudder, ils ont supplanté le vétéran polyvalent Ben Smith (33 ans, 83 sél.) et Rieko Ioane (22 ans, 28 sél.), sensations des deux dernières années, tous deux relégués en tribunes au Japon lors des matches importants. La passation s’est effectuée le 17 août. Une semaine plus tôt, la Nouvelle-Zélande sombrait en Australie (4726) avec Smith et Ioane, ce qui a poussé Hansen à changer ses ailiers pour titulariser Reece et Bridge pour ce match sous haute tension. Résultat : une revanche largement prise (36-0) face aux Wallabies, avec un essai pour Reece et Hodge. « On ne titulariserait pas quelqu’un si on ne l’estimait pas capable de jouer à ce niveau. Nous disions pendant la semaine qu’ils nous avaient suffisamment montré pour pouvoir jouer avec les All Blacks et qu’il s’agissait, pour eux, d’une formidable opportunité de prouver qu’ils pouvaient gérer la pression », déclarait après la rencontre Hansen.
Reece, polémique oubliée
La pression des grands rendez-vous, justement, semble glisser sur leurs jeunes épaules, selon l’entraîneur des arrières Ian Foster : «Ils nous ont impressionnés en Super Rugby. Ils ont su saisir l’opportunité qui leur était donnée lors de ce second match de Bledisloe Cup (le trophée annuel mis en jeu entre la Nouvelle-Zélande et l’Australie) et montré qu’ils pouvaient supporter la pression. » « Ils ont depuis continué à le prouver : ils n’ont peur de rien, probablement parce qu’ils n’ont jamais joué de Coupe du monde auparavant. D’une certaine manière, ils n’en connaissent pas l’enjeu », ajoutait-il après le quart de finale remporté contre l’Irlande (46-14). Bridge (1,86 m pour 96 kg), ailier complet et plutôt sobre, a porté à neuf son total d’essais (en huit sélections). Dont quatre face aux Tonga en préparation à la Coupe du monde (92-7). Reece (1,79 m pour 87 kg) n’a lui inscrit «que» quatre essais en six sélections, mais il intervient davantage dans la ligne et crée de nombreuses brèches pour ses partenaires grâce à ses appuis de feu et son centre de gravité bas. De quoi faire oublier la polémique qu’avait suscitée en Nouvelle-Zélande sa première sélection, puisque le joueur d’origine fidjienne avait comparu (sans être condamné) en 2018 pour violences conjugales. entraîneur de la défense de l’Angleterre, a insinué hier que les All Blacks étaient derrière la caméra qui a filmé l’entraînement du XV de la Rose, la veille. « S’ils veulent se préparer de cette façon, alors bonne chance à eux » a déclaré Mitchell, sélectionneur de la Nouvelle-Zélande lors de la demi-finale du Mondial- perdue face à l’Australie.
Les Australiens étaient alors entraînés par Eddie Jones, désormais le supérieur de Mitchell, qui avait révélé mardi avoir vu une caméra filmer l’entraînement. Comme Jones, Mitchell s’est dit « pas vraiment inquiet » par cette tentative présumée d’espionnage. « Le jeu évolue tellement, est tellement en mouvement, que je ne vois aucun intérêt à espionner une équipe. Il y a tellement d’enjeux et de pression à ce niveau pour ne pas perdre de temps à chercher des gars derrière une caméra dans un immeuble », a ajouté le technicien, évoquant
« une lumière rouge suspecte ».