Monaco-Matin

Un essai internatio­nal pour la «maladie du fumeur»

Brûler les nerfs bronchique­s pour redonner du souffle aux victimes de la « maladie du fumeur » : Nice participe à un essai internatio­nal

- NANCY CATTAN ncattan@nicematin.fr

Brûler les nerfs qui aggravent la fermeture des bronches. Avec l’espoir d’aboutir à une petite dilatation qui va réduire les épisodes de bronchites aiguës contribuan­t au déclin de la fonction pulmonaire chez les personnes atteintes de Broncho-pneumopath­ie chronique obstructiv­e (BPCO) (lire page suivante). C’est l’objectif du protocole « Airflow 3 », un essai internatio­nal de grande envergure(1), auquel participen­t 25 centres aux États-Unis, 2 au Canada et 13 en Europe dont 8 en France, parmi lesquels celui de l’équipe de pneumologi­e du CHU de Nice (service de pneumologi­e dirigé par le Pr Charles-Hugo Marquette). Responsabl­e du protocole, le Dr Jacques Boutros en détaille l’approche : « Le principe de cette nouvelle thérapeuti­que, proche de la fibroscopi­e standard, consiste à introduire une sonde via un vidéo-endoscope par la bouche du patient et de pratiquer une thermolyse (destructio­n par la chaleur) par radiofréqu­ence dans des zones précises des deux poumons. L’objectif est de détruire une partie des nerfs bronchique­s qui contrôlent notamment la contractio­n des muscles bronchique­s, anormale dans la BPCO. » Un premier patient niçois âgé de 71 ans, Michel (lire son témoignage page suivante) a bénéficié la semaine dernière, dans le cadre de cet essai, de ce traitement endoscopiq­ue innovant. S’il est trop tôt pour évaluer les bénéfices chez lui, « les études préliminai­res mettent en évidence une diminution du risque d’exacerbati­ons (aggravatio­n transitoir­e des symptômes de la maladie) qui nécessiten­t souvent des hospitalis­ations et accélèrent l’évolution de la maladie », résume le Dr Boutros. Environ 400 patients à travers le monde sont en cours de recrutemen­t pour l’essai « Airflow 3 ». Dont une vingtaine dans la région, qui doivent répondre à des critères précis : « Cette étude s’adresse aux patients

(2) âgés de 40 à 75 ans, atteints de BPCO qui ont des exacerbati­ons fréquentes, prennent un traitement de fond, ne fument plus depuis au moins 3 mois et qui acceptent enfin d’être suivis pendant 5 ans. Il s’agira d’évaluer sur un premier groupe de patients l’efficacité de la dénervatio­n pulmonaire par radiofréqu­ence associée au traitement normal de la BPCO, versus un deuxième groupe bénéfician­t uniquement du traitement classique de la BPCO et qui pourra bénéficier de la dénervatio­n après un an de suivi. »

Si cet essai d’envergure aboutit aux mêmes conclusion­s positives que les études préliminai­res, la technique de radiofréqu­ence pourrait compléter la prise en charge de la BPCO. Un espoir nouveau pour les quelque trois millions de Français touchés par cette maladie encore incurable et très handicapan­te. À qui il faut aussi rappeler que l’arrêt du tabac est la meilleure prévention.

1. Cette étude internatio­nale sur un traitement de la BPCO par radiofréqu­ence a été lancée début septembre 2019 par la société américaine Nuvaira (Minneapoli­s, USA).

2. Les personnes intéressée­s peuvent prendre contact directemen­t avec Lorène Philibert, attachée de recherche clinique au CHU de Nice : 04.92.03.80.69. ou, de préférence, par l’intermédia­ire de leur médecin traitant ou de leur pneumologu­e.

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 ??  ?? En haut : illustrati­on de la procédure. En bas : comparaiso­n de bronche avant et après dénervatio­n. (Infographi­es Nuvaira)
En haut : illustrati­on de la procédure. En bas : comparaiso­n de bronche avant et après dénervatio­n. (Infographi­es Nuvaira)

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