Un essai international pour la «maladie du fumeur»
Brûler les nerfs bronchiques pour redonner du souffle aux victimes de la « maladie du fumeur » : Nice participe à un essai international
Brûler les nerfs qui aggravent la fermeture des bronches. Avec l’espoir d’aboutir à une petite dilatation qui va réduire les épisodes de bronchites aiguës contribuant au déclin de la fonction pulmonaire chez les personnes atteintes de Broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO) (lire page suivante). C’est l’objectif du protocole « Airflow 3 », un essai international de grande envergure(1), auquel participent 25 centres aux États-Unis, 2 au Canada et 13 en Europe dont 8 en France, parmi lesquels celui de l’équipe de pneumologie du CHU de Nice (service de pneumologie dirigé par le Pr Charles-Hugo Marquette). Responsable du protocole, le Dr Jacques Boutros en détaille l’approche : « Le principe de cette nouvelle thérapeutique, proche de la fibroscopie standard, consiste à introduire une sonde via un vidéo-endoscope par la bouche du patient et de pratiquer une thermolyse (destruction par la chaleur) par radiofréquence dans des zones précises des deux poumons. L’objectif est de détruire une partie des nerfs bronchiques qui contrôlent notamment la contraction des muscles bronchiques, anormale dans la BPCO. » Un premier patient niçois âgé de 71 ans, Michel (lire son témoignage page suivante) a bénéficié la semaine dernière, dans le cadre de cet essai, de ce traitement endoscopique innovant. S’il est trop tôt pour évaluer les bénéfices chez lui, « les études préliminaires mettent en évidence une diminution du risque d’exacerbations (aggravation transitoire des symptômes de la maladie) qui nécessitent souvent des hospitalisations et accélèrent l’évolution de la maladie », résume le Dr Boutros. Environ 400 patients à travers le monde sont en cours de recrutement pour l’essai « Airflow 3 ». Dont une vingtaine dans la région, qui doivent répondre à des critères précis : « Cette étude s’adresse aux patients
(2) âgés de 40 à 75 ans, atteints de BPCO qui ont des exacerbations fréquentes, prennent un traitement de fond, ne fument plus depuis au moins 3 mois et qui acceptent enfin d’être suivis pendant 5 ans. Il s’agira d’évaluer sur un premier groupe de patients l’efficacité de la dénervation pulmonaire par radiofréquence associée au traitement normal de la BPCO, versus un deuxième groupe bénéficiant uniquement du traitement classique de la BPCO et qui pourra bénéficier de la dénervation après un an de suivi. »
Si cet essai d’envergure aboutit aux mêmes conclusions positives que les études préliminaires, la technique de radiofréquence pourrait compléter la prise en charge de la BPCO. Un espoir nouveau pour les quelque trois millions de Français touchés par cette maladie encore incurable et très handicapante. À qui il faut aussi rappeler que l’arrêt du tabac est la meilleure prévention.
1. Cette étude internationale sur un traitement de la BPCO par radiofréquence a été lancée début septembre 2019 par la société américaine Nuvaira (Minneapolis, USA).
2. Les personnes intéressées peuvent prendre contact directement avec Lorène Philibert, attachée de recherche clinique au CHU de Nice : 04.92.03.80.69. ou, de préférence, par l’intermédiaire de leur médecin traitant ou de leur pneumologue.