LES ENTREPRISES PRÊTES POUR LE BREXIT ?
La sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne a des conséquences très concrètes pour l’économie. D’autant que certains secteurs (tourisme, agriculture, viticulture...) sont cruciaux pour la région Sud Paca.
Un bras de fer, un feuilleton interminable, des reports à n’en plus finir et des négociations obscures… Depuis le 23 juin 2016, date à laquelle le Royaume-Uni a voté sa sortie de l’Union européenne, les modalités de ce Brexit, ont fait couler beaucoup d’encre. Si les grandes lignes portent sur le montant de la facture (une cinquantaine de milliards d’euros au titre de l’engagement du Royaume-Uni dans le budget 2014-2020), la libre circulation des personnes et la question de la frontière entre les deux Irlande, pour nos entreprises, se pose essentiellement la question de la circulation des marchandises, de l’attractivité des produits, bref de l’impact économique de cette sortie historique.
Flou persistant du côté britannique
La semaine dernière, à Westminster, le Premier ministre Boris Johnson s’est (de nouveau) heurté aux parlementaires, qui ont exigé davantage de temps pour étudier en détail l’ultime accord négocié à Bruxelles. Le chef du gouvernement britannique, qui depuis des semaines avait fait de la date du 31 octobre un impératif catégorique, a finalement déclaré être prêt à accorder ce nouveau délai… mais à une condition, cruciale : un vote préalable des députés en faveur d’élections législatives anticipées qui, espère Boris Johnson, devraient lui permettre de retrouver une majorité au Parlement. « Si le Parlement n’est pas capable de faire le Brexit, alors il nous en faut un qui le fera », a-t-il annoncé jeudi, en proposant la date du 12 décembre pour ce scrutin.
De leur côté, les membres restants de l’Union européenne semblent s’être faits à l’idée d’un troisième report – jugé préférable à une sortie sans accord – et devraient se prononcer sur la durée de ce délai supplémentaire demain ou après-demain… Un Brexit oui, mais quand ? Telle est la question dans l’Europe du marché unique. « On se prépare depuis trois ans », lancinet-on du côté des acteurs économiques, dont la plupart sont dans les starting-blocks depuis 2016. D’autres, à force de tergiversations britanniques, auraient fini par s’installer dans l’expectative. « Ils attendent, ils se disent : “On va attendre le dernier moment”, s’inquiète Denis
Martinez, directeur régional de la douane en Provence. Le problème du dernier moment, c’est que si tout le monde nous demande un accompagnement en même temps, on ne va pas y arriver et on va se retrouver avec de la marchandise bloquée à la frontière .»
Avec ou sans accord ?
À ce stade, deux scénarios restent possibles. D’abord celui d’un Brexit avec accord, qui aurait lieu d’ici trois mois au maximum : « Il est prévu une phase de transition durant laquelle, secteur par secteur, il y a des groupes de travail qui se réunissent pour élaborer le modèle économique et réglementaire qui sera adopté fin 2020 », explique Denis Martinez.
L’autre hypothèse – qui semble s’être éloignée, mais pourrait s’imposer malgré tout si le blocage politique persiste au Royaume-Uni – est celle du « No Deal » : « Sans accord, on serait confronté à une sortie plus dure, plus sèche où, grosso modo ,on traite le Royaume-Uni comme on traite les USA ou la Chine, avec la possibilité pour chaque État d’adopter des réglementations qui lui sont propres (droits de douane…), avec des contraintes pour les opérateurs (les entreprises, Ndlr) mais aussi les mouvements des personnes. » Conclusion : « Économiquement, on a tous intérêt à avoir des accords préférentiels… »