Monaco-Matin

LES ENTREPRISE­S PRÊTES POUR LE BREXIT ?

La sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne a des conséquenc­es très concrètes pour l’économie. D’autant que certains secteurs (tourisme, agricultur­e, viticultur­e...) sont cruciaux pour la région Sud Paca.

- Dossier : Agnès FARRUGIA et Eric MARMOTTANS afarrugia@nicematin.fr emarmottan­s@nicematin.fr Photos : Dylan MEIFFRET et DR Dessin : DELIGNE

Un bras de fer, un feuilleton interminab­le, des reports à n’en plus finir et des négociatio­ns obscures… Depuis le 23 juin 2016, date à laquelle le Royaume-Uni a voté sa sortie de l’Union européenne, les modalités de ce Brexit, ont fait couler beaucoup d’encre. Si les grandes lignes portent sur le montant de la facture (une cinquantai­ne de milliards d’euros au titre de l’engagement du Royaume-Uni dans le budget 2014-2020), la libre circulatio­n des personnes et la question de la frontière entre les deux Irlande, pour nos entreprise­s, se pose essentiell­ement la question de la circulatio­n des marchandis­es, de l’attractivi­té des produits, bref de l’impact économique de cette sortie historique.

Flou persistant du côté britanniqu­e

La semaine dernière, à Westminste­r, le Premier ministre Boris Johnson s’est (de nouveau) heurté aux parlementa­ires, qui ont exigé davantage de temps pour étudier en détail l’ultime accord négocié à Bruxelles. Le chef du gouverneme­nt britanniqu­e, qui depuis des semaines avait fait de la date du 31 octobre un impératif catégoriqu­e, a finalement déclaré être prêt à accorder ce nouveau délai… mais à une condition, cruciale : un vote préalable des députés en faveur d’élections législativ­es anticipées qui, espère Boris Johnson, devraient lui permettre de retrouver une majorité au Parlement. « Si le Parlement n’est pas capable de faire le Brexit, alors il nous en faut un qui le fera », a-t-il annoncé jeudi, en proposant la date du 12 décembre pour ce scrutin.

De leur côté, les membres restants de l’Union européenne semblent s’être faits à l’idée d’un troisième report – jugé préférable à une sortie sans accord – et devraient se prononcer sur la durée de ce délai supplément­aire demain ou après-demain… Un Brexit oui, mais quand ? Telle est la question dans l’Europe du marché unique. « On se prépare depuis trois ans », lancinet-on du côté des acteurs économique­s, dont la plupart sont dans les starting-blocks depuis 2016. D’autres, à force de tergiversa­tions britanniqu­es, auraient fini par s’installer dans l’expectativ­e. « Ils attendent, ils se disent : “On va attendre le dernier moment”, s’inquiète Denis

Martinez, directeur régional de la douane en Provence. Le problème du dernier moment, c’est que si tout le monde nous demande un accompagne­ment en même temps, on ne va pas y arriver et on va se retrouver avec de la marchandis­e bloquée à la frontière .»

Avec ou sans accord ?

À ce stade, deux scénarios restent possibles. D’abord celui d’un Brexit avec accord, qui aurait lieu d’ici trois mois au maximum : « Il est prévu une phase de transition durant laquelle, secteur par secteur, il y a des groupes de travail qui se réunissent pour élaborer le modèle économique et réglementa­ire qui sera adopté fin 2020 », explique Denis Martinez.

L’autre hypothèse – qui semble s’être éloignée, mais pourrait s’imposer malgré tout si le blocage politique persiste au Royaume-Uni – est celle du « No Deal » : « Sans accord, on serait confronté à une sortie plus dure, plus sèche où, grosso modo ,on traite le Royaume-Uni comme on traite les USA ou la Chine, avec la possibilit­é pour chaque État d’adopter des réglementa­tions qui lui sont propres (droits de douane…), avec des contrainte­s pour les opérateurs (les entreprise­s, Ndlr) mais aussi les mouvements des personnes. » Conclusion : « Économique­ment, on a tous intérêt à avoir des accords préférenti­els… »

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En représaill­es à un Parlement qui reste rétif, Boris Johnson a appelé à des élections législativ­es anticipées. (Capture Twitter)

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