Un remaniement pour répondre à la crise au Chili
Le président Sebastián Piñera, mis sous pression par une mobilisation historique des Chiliens pour une société moins inégalitaire, a annoncé hier un profond remaniement de son gouvernement et une probable levée rapide de l’état d’urgence. Plus d’un million de personnes se sont rassemblées vendredi (dans la nuit de vendredi à samedi dans l’Hexagone) dans le centre de Santiago et dans plusieurs grandes villes du pays pour exprimer leur volonté de changement face aux inégalités d’un modèle économique ultra-libéral instauré sous la dictature d’Augusto Pinochet et jamais remis en cause depuis le retour de la démocratie. « J’ai demandé à tous les ministres de remettre leur démission pour pouvoir former un nouveau gouvernement et pouvoir répondre à ces nouvelles demandes », a déclaré le chef de l’État dans un message à la nation depuis le palais présidentiel de La Moneda. « Nous sommes dans une nouvelle réalité. Le Chili est différent de celui que nous avions il y a une semaine », a-t-il ajouté.
Ces annonces marquent un revirement spectaculaire avec le ton adopté il y a une semaine lors de l’éclatement de violentes émeutes à Santiago et dans plusieurs grandes villes, point de départ d’une vague de contestation sociale sans précédent dans ce pays de 18 millions d’habitants. M. Piñera, un richissime homme d’affaires qui avait déjà été à la tête du Chili entre 2010 et 2014, avait considéré que son pays était en «guerre» et décrété l’état d’urgence, permettant le déploiement 20 000 militaires et policiers dans les rues du pays, une première depuis la fin de la dictature.