Michel, ans, premier volontaire : « Je n’avais pas peur »
« Ça pourrit la vie… » : atteint de BPCO à un stade sévère, à bout de souffle, Michel, un Niçois de 71 ans, a été le premier patient à bénéficier du protocole « Airflow 3 »
J’en ai marre, s’il y a un morceau à enlever, enlevez-le ! » Michel, un Niçois de 71 ans, n’a pas hésité une seconde lorsque, à l’occasion d’une hospitalisation à l’hôpital Pasteur, il a eu écho du protocole « Airflow 3 ». « Je suis tout le temps essoufflé, je fais bronchite sur bronchite, même en dehors de l’hiver. Et j’ai de plus en plus de mal à me déplacer, malgré la kiné respiratoire… Mais ce qui m’inquiète le plus, ce sont mes difficultés à respirer », justifie-t-il. Il y a trois ans, le septuagénaire apprenait qu’il était atteint de BPCO, une maladie dont il ignorait l’existence même, jusqu’à ce jour où il a craint le pire. « J’étais chez moi et brutalement, je n’ai plus pu respirer. J’ai appelé les pompiers, qui m’ont conduit aussitôt aux urgences de l’hôpital Pasteur. C’est là que rapidement, le diagnostic de BPCO niveau 3 (sur 4) a été posé. » Victime de symptômes très bruyants : essoufflement, toux…, il avait quelques semaines plus tôt consulté un pneumologue, mais ce dernier « n’avait rien trouvé… » « La BPCO, on ne la voit pas arriver… Si j’avais été informé plus tôt… »
Au cours de son hospitalisation, Michel est alerté par les médecins sur les liens entre sa maladie et la consommation de tabac. Il va aussitôt se motiver pour arrêter de fumer. Avec succès. « J’étais un gros fumeur depuis l’âge de 18 ans, reconnaît-il. J’ai essayé la vaporette, mais ça m’a totalement écoeuré ; j’avais acheté
4 fioles, je n’en ai consommé qu’une. Et depuis, je n’ai plus jamais touché une cigarette, sans ressentir aucun manque… »
Malheureusement, sa maladie, découverte à un stade avancé, lui a déjà coupé le souffle. Grand amateur de cyclisme, Michel a dû renoncer à sa passion. À peine peut-il faire quelques emplettes dans son quartier. Tous les six mois, il doit être hospitalisé afin de réaliser un certain nombre de contrôles. « Une ventilation non invasive ayant été mise en place à domicile, je dois en particulier subir un contrôle de gazométrie de nuit à l’hôpital… » Pudique, Michel ne s’attarde pas sur les graves conséquences de la maladie sur sa vie quotidienne. Il lâchera simplement ces quelques mots las : «Ça pourrit la vie… » Quelques mots qui, mieux qu’un long discours, expliquent son adhésion immédiate au protocole « Airflow 3 ». Et c’est sans aucune appréhension que le 16 octobre dernier au petit matin, et après avoir subi une batterie d’examens, il se présentait au service de pneumologie du CHU de Nice. « Je n’avais pas du tout peur ! À 7 h 20, j’étais dans ma chambre. Je me suis changé et à 7 h 40, j’étais au bloc. On m’a fait parler pendant une quinzaine de minutes et puis on m’a dit : “Vous allez dormir.” Et j’ai dormi ! » Michel « n’émergera » que dans l’après-midi. Si l’intervention s’est bien passée, il sait qu’il ne doit pas attendre de bénéfices immédiats. « Ce n’est pas efficace tout de suite… » Concernant les suites opératoires, il y était parfaitement préparé, après avoir longuement discuté avec l’attachée de recherche clinique, Lorène Philibert, et son pneumologue, le Dr Jacques Boutros. « Ils m’avaient expliqué qu’ils allaient brûler des nerfs… Je n’ai pas tellement mal aux poumons. Juste un peu à la gorge à cause de l’intubation. » Après avoir travaillé pendant des décennies dans le bâtiment, Michel a pris sa retraite il y a 3 ans. Une retraite qui devait lui permettre de consacrer plus de temps au cyclisme. Et c’est aujourd’hui, au lendemain de son intervention, son plus grand voeu : qu’elle lui permette, «en [lui] rendant un peu de capacité respiratoire, de reprendre [son] vélo ».
«LaBPCO on ne la voit pas arriver »