Monaco-Matin

Fibrome utérin : bénin, il passe souvent inaperçu Soins

Difficile de dire combien de femmes présentent ces tumeurs bénignes car dans la majorité des cas elles n’entraînent pas de symptômes. Toutefois, dans certains cas, il faut les traiter

- AXELLE TRUQUET

Le fibrome est une tumeur bénigne prenant la forme d’une grosseur logée au niveau de la paroi interne ou externe de l’utérus. Beaucoup de femmes en ont, parfois plusieurs, quel que soit leur âge. Sa taille peut être très variable : de celle d’un petit pois à celle d’un… pamplemous­se. Et ses effets vont de… rien du tout à des douleurs ou, plus rarement, une infertilit­é. Autant dire qu’il n’y a pas de profil-type de patiente. Alors évidemment, la prise en charge dépendra de chaque situation. « On a du mal à estimer la prévalence exacte de cette affection ne serait-ce que parce que beaucoup de femmes ignorent avoir un fibrome », indique le Pr Jérôme Delotte, chef du pôle femme mère enfant du CHU de Nice. Car dans la majorité des cas, les patientes n’ont quasiment pas de symptômes. Il arrive ainsi régulièrem­ent que la découverte d’un fibrome soit purement fortuite, très souvent à l’occasion d’une échographi­e. « Dans ce cas, on donne l’informatio­n en expliquant… qu’il est urgent de ne rien faire ». Car s’il n’y a pas de gêne, il n’y a pas de raison de soigner.

A quoi sont dues ces tumeurs bénignes ? On ne le sait pas précisémen­t. Une chose est sûre, les hormones jouent un rôle parce que le tableau se modifie à la ménopause. Ainsi, bien souvent les fibromes n’évoluent plus – un peu comme s’ils s’asséchaien­t – lorsque les cycles menstruels disparaiss­ent. Beaucoup de femmes voient donc leurs symptômes s’estomper ou carrément disparaîtr­e à la ménopause. La prise en charge dépend intimement de la gêne ressentie, elle-même liée à la localisati­on, au volume et au nombre des fibromes. Cela peut aller jusqu’à une diminution de la fertilité

(en gênant de constipati­on. »

Efficacité de la radio embolisati­on

« On dispose de traitement­s médicament­eux contre les symptômes comme les saignement­s et d’autres qui vont agir spécifique­ment sur le fibrome. Parmi eux, l’ulipristal acétate, qui permet même parfois de diminuer le volume du ou des fibromes. une surveillan­ce car ils ne sont pas dénués d’effets secondaire­s. »

D’autres solutions existent, plus invasives mais efficaces. « On peut proposer une radio embolisati­on. Cette opération, pratiquée par un radiologue interventi­onnel, consiste à boucher les artères utérines qui alimentent les fibromes. De ce fait, ils ne seront plus irrigués donc vont s’assécher. Cette technique offre de bons résultats. Toutefois, elle n’exclut pas le risque de récidive », tempère le médecin. Toujours en matière de chirurgie, il est possible d’opérer par voie hystérosco­pique, c’est-à-dire en passant par les voies naturelles : « on va sectionner le fibrome qui est localisé dans la cavité utérine

Les fibromes, des tumeurs musculaire­s lisses bénignes, peuvent être positionné­s à trois niveaux. Dans  % des cas, ils sont dans la couche musculaire de l’utérus. Sinon, ils peuvent être juste à l’extérieur de l’utérus ou sous la muqueuse utérine, dans ce cas, ils peuvent entraîner des saignement­s. Leur taille peut être très variable : de quelques millimètre­s et quelques grammes à plusieurs centimètre­s et plus d’un kilo.

Certains facteurs familiaux héréditair­es sont favorisant­s. Si une femme présente des fibromes, il n’est pas impossible que sa fille en ait aussi – sans que cela soit automatiqu­e.

Même si les hormones jouent un rôle dans le développem­ent des fibromes, ils ne constituen­t pas un obstacle à la contracept­ion, quelle qu’elle soit. Et même, «on peut orienter la contracept­ion en fonction des symptômes que l’on veut soigner chez la patiente ».

En dehors de toute plainte, il n’est pas utile de traiter.

grâce à une caméra. Cela permet de détruire un fibrome qui gênerait une grossesse ou qui saigne. » Parfois, le chirurgien opte pour la voie abdominale, soit par coelioscop­ie soit par laparotomi­e (en ouvrant le ventre).

Si les médecins ne traitent pas lorsqu’il n’y a pas de plainte, il peut y avoir quelques rares exceptions. «Si par exemple, on découvre un fibrome sous muqueux de gros volume chez une patiente jeune, on peut lui proposer une prise en charge. Parce que cela peut être potentiell­ement gênant si elle envisage par la suite d’avoir des enfants », indique le Pr Delotte. « En dernier recours, on peut opter pour une hystérecto­mie – on enlève complèteme­nt

l’utérus, résume le Pr Delotte. Encore une fois, cela va dépendre de la situation de la patiente, on ne le proposera évidemment pas à une jeune femme qui n’a pas d’enfant. » Pour finir, il faut savoir que le fibrome évolue, parfois rapidement. Ainsi, des saignement­s qui s’accentuent ou des symptômes qui changent doivent conduire à consulter un spécialist­e. Une multitude de cas de figure différents, des réactions variables d’une femme à l’autre, et même des symptômes fluctuants chez la même patiente en fonction de son âge. Il convient donc de s’en remettre aux conseils d’un spécialist­e, y compris lorsqu’il s’agit de ne rien faire.

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(Photo François Vignola) La douleur et les saignement­s font partie des symptômes les plus courants.

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