Italie : la droite de Salvini triomphe en Ombrie, fief historique de la gauche
Une alliance de droite menée par Matteo Salvini a remporté haut la main hier des élections régionales en Ombrie, délogeant la gauche d’un de ses fiefs historiques et infligeant un grave revers à la coalition au pouvoir en Italie. L’avocate Donatella Tesei, candidate de la Ligue soutenue également par les néofascistes de Frères d’Italie et le parti Forza Italia (centredroit) de Silvio Berlusconi, a obtenu une majorité écrasante de 57,55 %. Face à elle, Vincenzo Bianconi, soutenu par une alliance – inédite au niveau local – entre le Parti Démocrate (PD, centre-gauche) et le Mouvement Cinq Étoiles (M5S, anti-establishment) n’a recueilli que 37,5 %.
Même si l’Ombrie ne compte qu’environ 900 000 habitants, il s’agissait d’un test pour l’attelage PD-M5S au pouvoir au niveau national depuis moins de deux mois. Un enjeu souligné par Matteo Salvini, venu à Pérouse « fêter la victoire » aux côtés de Mme Tesei, et qui a félicité les électeurs « pour avoir choisi la liberté au nom de 60 millions d’Italiens », dans une allusion aux législatives qu’il réclame depuis qu’il a fait exploser le 8 août son pacte instable avec le M5S. « Vos jours sont comptés » ,at-il encore lancé à l’adresse du Premier ministre Giuseppe Conte, du chef du M5S Luigi di Maio, et de son allié Nicola Zingaretti, patron du PD, qui selon lui occupent « abusivement et momentanément » les palais gouvernementaux.
Le MS grand perdant du scrutin
Connu pour ses diatribes antimigrants, Matteo Salvini n’a jamais évoqué ce sujet pendant son intense campagne en Ombrie, se concentrant sur la promesse d’un sursaut face à la grave crise économique que traverse cette région autrefois prospère, frappée en outre par une série de séismes, dont celui d’Amatrice en 2016 (300 morts).
Le PD, qui s’est adjugé presque 22 % des voix, était handicapé par un scandale dans le secteur de la santé – des concours truqués pour l’embauche dans les hôpitaux de la région – qui a poussé à la démission la gouverneure sortante, Catiusha Marini, en avril.
Dans le camp mené par Salvini, le score des Frères d’Italie qui dépasse les 10 % est marquant, d’autant qu’ils supplantent au sein de la coalition entre vieux alliés de droite le parti centriste de Berlusconi, qui lui s’écroule sous les 6 %.
Mais le grand perdant du scrutin est surtout le M5S, qui s’est effondré à 7,4 % des voix, contre 32 % aux législatives de mars 2018. « L’expérience n’a pas fonctionné. Le M5S se porte mieux quand il est en lice tout seul » ,acommenté le leader du mouvement, Luigi di Maio.