Monaco-Matin

LE PROCÈS D’UN COUP DE POING MORTEL ENTRE CONDUCTEUR­S

Une banale querelle entre automobili­stes, en mai 2017, sur la pénétrante, s’est terminée en drame. Steeve, 32 ans, comparaît aux assises pour avoir tué Jean-Pierre, 58 ans, de Monaco

- CHRISTOPHE PERRIN chperrin@nicematin.fr

En mai , une banale querelle entre automobili­stes sur la pénétrante du Paillon à La Trinité s’est terminée en drame. Steeve,  ans, un habitant de Contes, assène un coup de poing à Jean-Pierre,  ans chef d’entreprise à Monaco. Il décédera trois semaines plus tard. Le procès a débuté hier aux Assises des Alpes-Maritimes à Nice.

Le drame débute par un banal accrochage sur la pénétrante du Paillon, 18 mai 2017. JeanPierre Lapi, un chef d’entreprise du bâtiment à Monaco, est au volant d’un pick-up Toyota. Steeve, 32 ans, un habitant de Contes, conduit un petit camion Iveco. Il tente de se rabattre à l’endroit où la 2x2 voies se rétrécit, force le passage. Les deux véhicules se heurtent légèrement. Les deux conducteur­s se retrouvent face à face quand Steeve, ouvrier paysagiste, décoche un violent coup de poing à la victime. Jean-Pierre Lapi, 58 ans, père de deux filles, succombera trois semaines plus tard d’un traumatism­e crânien. Il n’est jamais sorti du coma.

« Le remords d’avoir ôté une vie »

Comment Steeve, un citoyen ordinaire, casier judiciaire vierge, pas connu pour être bagarreur ou querelleur, se retrouve depuis hier devant une juridictio­n criminelle habituée au grand banditisme ou aux prédateurs sexuels ? Il comparaît libre aux côtés de Me Béatrice Eyrignoux, son avocat. Il est resté quatre mois en détention provisoire. Il sait qu’il peut être à nouveau incarcéré à l’issue des débats, mercredi.

Dès les premières minutes du procès, le président Patrick Véron sonde l’âme de l’accusé, qui plie sous la culpabilit­é : « La peine que j’ai eue est minime par rapport à la souffrance de la famille de M. Lapi. Une maman a perdu son fils, des petits-enfants leur grand-père... C’est compliqué aussi à vivre avec ce remords d’avoir ôté une vie...»

Sur le banc des parties civiles, la famille de la victime et son avocat, Me Audrey Vazzana, restent de marbre.

Il leur faut ensuite affronter le visionnage de l’agression. Tout a été filmé seconde par seconde. Sur les écrans de la cour d’assises, on aperçoit le 4x4 qui précède le camion. Les deux véhicules s’arrêtent et provoquent un embouteill­age. Les portières s’ouvrent simultaném­ent.

Ni drogue ni alcool

Jean-Pierre Lapi sort, les bras ballants. Il n’a pas apprécié le doigt d’honneur brandi par Steeve. Il ne paraît pas menaçant. Ce dernier prend son élan et assène un violent coup de poing au visage du quinquagén­aire et remonte aussitôt dans son camion. La scène n’a duré qu’une poignée de secondes. Jordan, le collègue de Steeve, porte aussitôt secours à la victime, le place en position latérale de sécurité, enlève son t-shirt pour soutenir la tête inerte de Jean-Pierre Lapi. Steeve comprend à son tour la gravité de la situation et s’enquiert de la santé de sa victime.

Lésions irréversib­les

« Un coup de poing n’est jamais anodin », commente le magistrat. Le professeur de médecine légale Gérald Quatrehomm­e, confirme : « L’ébranlemen­t du tronc cérébral a agi comme un coupe-circuit. Les lésions étaient irréversib­les. »

Dès l’admission de la victime à l’hôpital, les médecins savaient que Jean-Pierre Lapi était condamné. Il décédera le 9 juin des suites de ses blessures. L’algarade absurde et dérisoire est devenue un crime. Aucun des protagonis­tes n’était sous l’effet de la drogue ou de l’alcool. Ils avaient à peu près la même corpulence.

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Me Eyrignouxp­laidera en défense. (Photos Ch.P )
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Me Audrey Vazzana, conseil de la famille Lapi.

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