Il vend une Porsche ... de location !
Un pilote d’hélicoptère, passionné par les véhicules de prestige, consultait sans cesse un site de voitures de collection. En septembre 2018, il est séduit par une annonce où l’offre mentionne une Porsche 911 toutes options au prix de 291 000 €. C’est justement la mécanique sportive dont il rêve. Il contacte le vendeur. Pour réduire sa dépense, il propose de l’échanger contre sa Mercedes cotée 155 000 €. Le reliquat de 136 000 € est versé en espèces. L’accord conclu, le contrat signé, le vendeur, un Néerlandais de 25 ans dont on ignore la profession, se déplace à Monaco dans le courant du même mois pour récupérer la voiture à l’étoile. Il promet de revenir avec la « belle Stuttgartoise ». Plus les jours passent, plus l’acheteur s’impatiente. À chaque réclamation, le vendeur trouve des excuses pour pallier la précieuse livraison. « Jusqu’au jour où la victime apprend que sa Porsche appartient en fait à une société de location de voiture, précise le président Jérôme Fougeras-Lavergnolle, le prévenu étant absent à l’audience. Un couple lui avait confié l’automobile de luxe afin de s’occuper de la vendre. Le plaignant réussit toutefois à faire saisir le véhicule dont il est l’unique propriétaire en Hollande. Comme l’escroc avait déjà effectué 7 000 km avec sa Mercedes, il estime avoir subi un préjudice. Le prévenu n’a jamais été condamné… »
Pas de prévenu ni victime
L’affaire n’est pas très claire, tout de même. Comment ce ressortissant des Pays-Bas a-t-il pu intriguer de manière à faire croire à la vente d’une voiture qui tient plus de l’Arlésienne que d’un modèle de collection ? Quels éléments ont pu faciliter toute sorte d’astuces et de transmission malhonnêtes ?
Cette « sortie de route » inquiète au plus haut point le premier substitut Olivier Zamphiroff. Il déplore dans ses réquisitions « l’absence de la partie civile. Car la cession frauduleuse de véhicules est une pratique très répandue de nos jours et les problèmes relatifs aux véhicules de prestige sont légion en Principauté. Le plaignant laisse partir sa Mercedes avec un vague contrat signé. Il aurait pu nous éclairer sur ce genre d’affaire. Ces dossiers doivent être pris au sérieux. D’emblée, le mis en cause doit être intercepté pour s’expliquer sur les mécanismes de ces fraudes. Vous prononcerez une peine de douze mois d’emprisonnement ferme plus mandat d’arrêt ».
Le tribunal condamnera par défaut le coupable à la moitié du quantum requis par le ministère public : six mois de prison ferme. * Assesseurs : Florestan Bellinzona et Adrien Candau.