Monaco-Matin

Jacqueline Mampreyan, « une luciole qui éclairait tout sur son passage »

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« Alors, ils l’ont retrouvée ? » Hier en début de matinée, le drame était sur toutes les lèvres du quartier de la Madeleine. On ne se parlait pas. On murmurait. La rumeur, qui allait se confirmer, commençait à se répandre. «Ils l’ont retrouvée... vers 7 h 30, peut-être 8 heures du matin... Elle est décédée... » Les visages, fatigués et marqués, se fermaient un peu plus. Consternat­ion au bord du Magnan. Seul le train des chemins de fer de Provence venait, hier matin, briser le silence de plomb qui régnait sur ce flanc de colline. D’un coup de klaxon, qui sonnait comme un dernier salut à Jacqueline Mampreyan. Jacqueline, ou plutôt «Jackie», dont le tragique destin a secoué ce quartier où tout le monde se connaît.

Dans la maison dont elle a toujours rêvé

« Une femme pleine de vie, pleine de vie », répétera un voisin, les yeux embués, alors que les pompiers venaient de localiser sa dépouille.

« Je l’appelais mon papillon... Parce qu’elle allait à droite, à gauche, partout, avait toujours un petit mot gentil pour tout le monde... », se désole une autre voisine, qui perd aussi une amie.

Une femme revenue s’installer là où elle avait passé quelques pans de sa jeunesse: après une carrière profession­nelle à Paris, cette mère de deux garçons avait choisi, avec son mari, de couler une paisible retraite dans la cité arménienne. Dans ce vallon du Magnan qu’elle aimait tant et où elle s’investissa­it pleinement.

« C’était la maison qu’elle avait toujours rêvé d’habiter, raconte une proche. Car elle venait souvent en vacances ici, chez son cousin. L’endroit lui plaisait. Et cette maison... elle en rêvait vraiment ! À tel point que, le jour où elle a été mise en vente, son cousin l’a appelée. Elle est venue de Paris et avec son mari, ils l’ont tout de suite achetée.» C’était il y a cinq ans à peine. Elle n’aura eu que peu de temps pour en profiter. Mais assez pour laisser, désormais, un vide immense: «C’était une luciole, témoigne une autre voisine, elle éclairait tout sur son passage... »

Et une amie de parler de ses grandes balades : « Elle adorait marcher... elle allait à pied jusqu’au port, où elle rejoignait l’un de ses deux fils pour déjeuner avec lui... Le tout en diffusant sa bonne humeur auprès de ceux qu’elle croisait. C’était quelqu’un d’exceptionn­el ».

« C’était une femme très dynamique, toujours souriante, qui rayonnait », confie Christian de Nice, installée dans ce quartier depuis près d’un siècle.

Kirkor Ajderhanya­n, chef de file du Conseil de coordinati­on des associatio­ns arménienne­s de la Côte d’Azur, dépeint avec émotion «une femme dévouée, aimable, toujours disponible, à l’écoute des autres... Une figure de la cité arménienne de Nice. Pour nous, c’est une très grande perte. » Et de raconter: « Chaque année, le 15 août, pour l’anniversai­re de la constructi­on de l’église arménienne Sainte-Marie de Nice, elle venait nous aider à décorer. Elle était toujours très impliquée dans la vie de la communauté. On va organiser, dans les prochains jours, une messe pour elle et pour ses proches. »

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Tristesse hier sur les maisons de la cité arménienne.

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